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Nous avons vu les deux premiers épisodes de l’ultime saison, diffusés en avant-première dans le cadre de Séries Mania.

The End is Near. Et il va falloir être à la hauteur. Après une deuxième saison qui tutoyait le sublime, Damon Lindelof va devoir prouver aux orphelins de Lost qu’il sait clore une série.
(Cet article contient quelques spoilers sur les deux premières saisons de The Leftovers)

Pour rappel, The Leftovers raconte le monde après une étrange apocalypse : un beau jour - un 14 octobre -, 2% de la population mondiale ont disparu, volatilisés, on ne sait pas où, on ne sait pas pourquoi. La série ne s’attache pas tant à ce pourquoi qu’au comment ; comment l’humanité, « ceux qui restent », y survit. Le mystère, la foi, l’acceptation, la culpabilité, la résilience, l’amour, la famille, le sens de la vie (et surtout son absurdité) sont les thèmes abordés par ce grand drama métaphysique qui ne se déploie jamais mieux que dans les symboles et les paraboles. Quand on abandonne toute rationalité pour se laisser aller à la pureté d’émotions portées à leur paroxysme. Après une première saison sombre qui nous introduisait aux ruines d’un monde dont la plupart pense qu’il s’est arrêté ce fatal 14 octobre, la saison 2 laissait penser que la vie pouvait reprendre ses droits. On soupçonne que la troisième et dernière saison, sur la base des deux premiers épisodes, ne se conclura pas dans un grand happy end.

L’évangile de Kevin

Comme la saison 2 (la femme enceinte sortie de la grotte qui s’effondre et doit poursuivre seule son chemin), l’ultime saison de The Leftovers s’ouvre sur une séquence isolée de la trame narrative, une parabole (doucement désespérée) censée éclairer les huit épisodes à venir. Quand on revient à Jarden, Texas, après une courte scène reprenant directement là où on en était resté, trois ans ont passé depuis les événements du final de la saison 2. On ne rentrera pas dans les détails de l’intrigue pour ne pas risquer de spoiler (à la demande expresse de Damon Lindelof), mais on avancera au moins ce qui semble être les principaux enjeux de ce nouveau chapitre qui s'ouvre sur un des plus beaux épisodes de toute la série jusqu'ici. Kevin Garvey (Justin Theroux) navigue tant bien que mal dans le monde d’après le chaos et s’accroche toujours à un semblant de normalité mais son entourage, ainsi que les événements, vont incessamment le ramener vers le mystère et le confronter au sens profond de ce qui lui est arrivé dans la saison 2. Le révérend Matt Jamison (Christopher Eccleston) a en effet entrepris d’écrire sur lui un « évangile », l’histoire de celui qui est revenu trois fois d’entre les morts. Comme le mettent en scène les différents trailers de cette saison 3, Kevin devient malgré lui une figure christique sur les épaules de laquelle reposent non plus l’équilibre d’une petite ville mais, on le soupçonne, l’avenir de l’humanité toute entière.

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La condition humaine

Car on approche du 7e anniversaire du « Sudden Departure » (le « ravissement ») et, en raison de la symbolique biblique du chiffre 7 ou simplement parce que l’homme a un besoin désespéré (suicidaire ?) de finalité, le monde a de nouveau décidé que sa fin était proche et qu’un cataclysme se produirait le jour de ce 7e anniversaire. Comme si l’humanité tout entière s’était convertie, sous le coup de la souffrance, à une de ses sectes qui, au fil de l’histoire, se sont construites sur la promesse de l’apocalypse. Comme toujours, malgré son outrance, ses twists improbables et ses aventures outre-tombe, The Leftovers parvient à résonner dans les replis les plus reculés de notre inconscient et à faire sens dans toute son absurdité. Ce que dit finalement cette grande symphonie rock et lyrique sur la condition humaine est à la fois violent et réconfortant : nous sommes des êtres insignifiants ballotés dans un univers parfaitement arbitraire, pris au piège d’une quête de sens aussi vitale qu’absolument vaine. Mais tout ça n’est pas grave. Nos souffrances, nos rêves, nos désirs, nos espoirs et notre capacité à aimer constituent un écran de fumée dont la plupart peuvent se satisfaire.

A la fin de la saison 2, l’incrédule John faisait à Kevin une confession bouleversante : « Je ne comprends pas ce qui arrive ». « Moi non plus » répondait tranquillement Kevin. Et tous les deux riaient doucement avant de rentrer chez eux. Qu’elle choisisse la mort ou la vie, on peut supposer que le spectateur se fera la même réflexion devant le final d’une série qui doit offrir une fin satisfaisante à son public, après avoir passé trois saisons à scruter les souffrances que causaient dans l’âme l’humaine l’absence de finalité. Sacré challenge.  

Séries Mania : tout le programme de l'édition 2017

The Leftovers saison 3 sera diffusée en France sur OCS à partir du 16 avril 2017.


 

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