Le film Eyes Wide Shut de Stanley Kubrick est sorti un an et demi avant que Tom Cruise et Nicole Kidman se séparent. La rumeur a toujours couru que c’était le film qui avait tué leur mariage, parce qu’il parle de l’amour qui s’essouffle au sein d’un couple qui rencontre des problèmes sexuels.Pourtant, dix ans après, Nicole Kidman a tenu à rétablir la vérité dans The Hollywood Reporter. "Je ne pense pas. Tom et moi étions très proches après ce film qui était devenu notre arbre. A l’écran, le mari et la femme que nous interprétions étaient en désaccord et Stanley voulait utiliser notre mariage pour en faire une réalité. C’était Stanley : il utilisait le film par provocation, en prétendant que c’était notre vie sexuelle. Il voulait faire croire que nous n’en étions pas conscients mais évidemment ce n’était pas nous."En réalité, elle et Tom Cruise étaient fascinés par cet homme, que Nicole Kidman considère encore aujourd’hui comme "un grand philosophe de la condition humaine." "Nous voulions nous consacrer entièrement à ce grand réalisateur et artiste", explique l’actrice de 45 ans. "Tom et moi nous disions : ‘Nous sommes tellement chanceux, nous allons passer deux ans avec le maître’." Car le tournage a effectivement duré deux années, le film étant sorti en salles le 16 juillet 1999, soit quatre mois après le décès du cinéaste.Nicole Kidman se souvient pourtant que le tournage était éprouvant. "Stanley a dû me convaincre de jouer beaucoup de scènes de sexe au début, mais il a filmé des choses beaucoup plus extrêmes que ce qui s’est retrouvé à l’écran." Malgré leurs différends - notamment à cause des idées qu’elle lui proposait et qu’il rejetait en permanence ou leurs disputes à propos de la différence entre les hommes et les femmes, un sujet qui le passionnait - elle se sentait "en sécurité" avec le père de ShiningOrange Mécanique et 2001 : l’Odyssée de l’espace. "Je ne me suis jamais sentie exploitée ou bête. Il était très différent avec les femmes qu’il l’était avec les hommes. Il avait des filles donc il s’est montré très paternel avec moi."Nicole Kidman conclut en rappelant combien travailler avec "quelqu’un qui essaie de changer les choses, de nous offrir une meilleure compréhension sur nous, pourquoi nous sommes là et qu’est-ce que nous sommes" est enrichissant. Elle le compare à d’autres grands génies du cinéma à ses yeux : Lars Von Trier (Dogville), Stephen Daldry (The Hours) et Jane Campion (Portrait d’une femme). Un bel hommage posthume.