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Anne Marie Fox
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The Iceman : ce que ne dit pas le film

Le premier meurtre

Ce qui se présente comme le premier meurtre de Kuklinski à l'écran est une version légèrement embellie d'une anecdote réelle. Non pas que l'assassinat soit justifié, mais il « s'explique » par le manque de respect d'un homme envers sa petite amie et future femme. Dans la vraie vie, Richard n'a que 18 ans lorsqu'il commet un meurtre similaire, et il s'agit simplement de punir un homme qui l'a insulté. L'acte n'est pas aussi soigné que dans le long-métrage : pas d'exécution rapide à l'arme blanche, il incendie sa voiture et le laisse brûler vif. <em>« Ca sentait le porc grillé, on l'entendait hurler deux rues plus loin... Je déteste les grandes gueules, ils me rappellent mon père »</em>, souligne-t-il. Effectivement, son véritable premier mort sur la conscience, il l'a eu dès 13 ans, et c'était la forte tête de la classe.

The Iceman : ce que ne dit pas le film

The Iceman, c?est l?histoire vraie de Richard Kuklinski, tueur à gages tristement célèbre qui a sévi entre les années 60 et 80 et est mort en prison en 2006. Sous les traits de Michael Shannon, l?homme devient aujourd?hui un personnage de cinéma devant la caméra d?Ariel Vromen, qui a dû faire des choix et trancher dans l?histoire vraie pour les besoins de la fiction. Du coup, des zones d?ombre demeurent. D'où vient ce sang-froid à toute épreuve ? Qu'a fait exactement son frère (Stephen Dorff à l'écran) pour se retrouver en prison ? Comment sa femme (Winona Ryder) a-t-elle pu ignorer la face cachée de son mari ?Voici ce que le film ne dit pas de la vraie histoire de The Iceman, mais que l?intéressé a raconté dans différents entretiens qui ont donné lieu à des livres et des documentaires. Le film d'Ariel Vromen s'inspire de deux de ces travaux : <em>The Iceman : l'histoire vraie d'un tueur de sang-froid</em>, un livre d?Anthony Bruno, et le documentaire de James Thebaut <em>The Iceman Tapes : conversations avec un tueur</em>.<strong>Par Yérim Sar</strong>

Le sadisme

Même après être devenu un tueur pour la mafia, il est arrivé au vrai Iceman de faire ce qu'il appelle « des expériences ». Une en particulier aurait rendu impossible toute empathie avec le personnage. Un beau jour, Richard décide de tester l'efficacité d'une arbalète sur un quidam pris au hasard, qu'il laisse la cervelle explosée. Absolument rien ne justifiait cet acte à part sa propre curiosité de professionnel, comme il l'explique lui-même sans aucun complexe. Une seule séquence, présente dans la bande-annonce, semble vraiment assumer le sadisme du personnage : face à une victime qui implore le ciel, il lui accorde un délai pour « voir si Dieu vient le sauver » avant de l'exécuter. Le vrai Kuklinski a d?ailleurs avoué regretter d'avoir tourmenté l?homme de cette façon.

Le cauchemar de l'enfance

Le film d?Ariel Vromen présente la vie de Richard Kuklinski lorsqu'il est adulte, et n?évoque l?enfance marquée par la violence qu?au détour rapide d?une conversation avec son frère Joey. C?est pourtant en remontant à l?enfance que l?intéressé explique sa facilité à se déconnecter de ses émotions lorsqu?il s?agit d?éliminer ses cibles : <em>« Cela vient de mon père. Il me battait pour un rien, il suffisait que je le regarde parfois. C'est de lui que me vient cette capacité à ne rien éprouver quand quelqu'un meurt sous mes yeux. »</em> Cette mise à distance est nourrie par une colère renfermée qui le suivra toute sa vie : <em>« Je le détestais, si j'avais pu je l'aurais tué, et j'aurais été content »</em>. Sa mère le battait également, et son frère Florian est mort sous les coups de leur père.

Le frère criminel

Le contexte familial du tueur est furtivement incarné par son frère Joey sous les traits de Stephen Dorff. Au détour d'un dialogue, on apprend qu'il est condamné pour une très lourde peine suite au « meurtre d'une petite fille ». La réalité est encore plus dure : à l'âge de 25 ans, Joseph Kuklinski a violé et tué une enfant de 12 ans avant de jeter son cadavre et celui de son chien du haut d'un immeuble. Lorsqu'un journaliste demande à Richard s'il pense que l'acte irréparable de son frère s'explique également par son enfance, il répond par l'affirmative : <em>« on a eu le même père »</em>...

Le supplice du rat

Sous les traits de Michael Shannon, le tueur à gages est un professionnel qui se contente d'accomplir sa tâche conformément aux ordres. Dans la réalité, Kuklinski a filmé plusieurs de ses cibles en train de mourir sous l'assaut de rats attirés par l'odeur du sang, à la demande de ses employeurs. A noter que cette fois l'assassin ne semble pour une fois pas totalement à l?aise avec ses actes : <em>« j'ai dû faire ça plusieurs fois... peut-être un peu trop souvent »</em> estime-t-il. Il aurait évidemment été difficile d'intégrer ce genre de séquence dans le film sans basculer dans le torture-porn et s?exposer à la censure.

Bonus : le vrai Iceman

Voici la version courte d'un des documentaires consacrés à Richard Kuklinski. Sans spoiler le film, on peut aisément identifier certains éléments retouchés et transformés pour les besoins du cinéma.  

Les premiers pas dans la Mafia

<em>The Iceman</em> donne l'impression que, même s'il y était prédisposé, le personnage est entraîné dans le crime organisé suite à un concours de circonstances. Roy Demeo (Ray Liotta) le menace pour lui faire commettre son premier meurtre sur commande, afin de le tester. Là encore, la réalité est plus sombre : c'est bel et bien Kuklinski lui-même qui a estimé qu'être payé pour tuer était un bon moyen de gagner sa vie. En réalité, quand il commence à opérer pour la mafia en 1954, Richard a déjà un bon nombre de victimes à son actif. Certains ne voient pas en lui un gangster, mais un serial killer qui a fini par rentabiliser son activité.

La question de l'épouse

La vie de famille de Kuklinski semble assez équilibrée dans le long-métrage, malgré quelques sévères coups de colère que le personnage ne parvient pas à contrôler. Son épouse jouée par Winona Ryder pense que tout son argent lui vient d'un travail dans la finance. La vraie ex femme de Kuklinski a quant à elle admis que même si elle était loin de se douter des activités de son mari, il était entendu qu'il faisait quelque chose de louche dont il ne fallait pas parler. Elle ne posait aucune question et refusait de voir la réalité - ce qui n'est pas tout à fait la même chose que l'ignorance totale.

The Iceman, c’est l’histoire vraie de Richard Kuklinski, tueur à gages tristement célèbre qui a sévi entre les années 60 et 80 et est mort en prison en 2006. Sous les traits de Michael Shannon, l’homme devient aujourd’hui un personnage de cinéma devant la caméra d’Ariel Vromen, qui a dû faire des choix et trancher dans l’histoire vraie pour les besoins de la fiction. Du coup, des zones d’ombre demeurent. D'où vient ce sang-froid à toute épreuve ? Qu'a fait exactement son frère (Stephen Dorff à l'écran) pour se retrouver en prison ? Comment sa femme (Winona Ryder) a-t-elle pu ignorer la face cachée de son mari ?Voici ce que le film ne dit pas de la vraie histoire de The Iceman, mais que l’intéressé a raconté dans différents entretiens qui ont donné lieu à des livres et des documentaires. Le film d'Ariel Vromen s'inspire de deux de ces travaux : The Iceman : l'histoire vraie d'un tueur de sang-froid, un livre d’Anthony Bruno, et le documentaire de James Thebaut The Iceman Tapes : conversations avec un tueur.Par Yérim Sar