Cette semaine au cinéma, Steven Spielberg part à la guerre, Angelina Jolie réalise son premier film et Glenn Close se travestit en homme.Choix numéro 1 : Cheval de guerre, de Steven Spielberg, avec Jeremy Irvine, Emily Watson, Peter Mullan...Synopsis : D'après le livre pour enfants Cheval de Guerre de Michael Morpugo.À la veille de la Première Guerre mondiale, le jeune Albert mène une existence paisible dans une ferme anglaise avec son cheval, Joey, qu’il adore. Mais le père d’Albert décide de vendre Joey à la cavalerie britannique, et le cheval se retrouve bientôt sur le front français. L’ animal entame alors une extraordinaire aventure en plein conflit. En dépit des obstacles qu’il rencontre à chaque pas, Joey va changer la vie de ceux dont il croise la route. Incapable d’oublier son ami, Albert quitte la ferme et rejoint à son tour le champ de bataille dans l’espoir de retrouver son cheval et de le ramener chez lui.L'avis de Première : Ceux qui pensaient assister à un remake de L’Étalon Noir risquent d’être surpris : ici, tout est raconté du point de vue de la bête et non du gamin. L’idée est aussi brillante que le renversement des valeurs, gonflé. Spielberg s’autorise alors toutes les audaces stylistiques possibles, puisqu’il s’agirait ici de figurer, sans recours aux dialogues, évidemment, le chemin de croix d’un animal propulsé sans sommation du paradis vers l’enfer. Et le film de troquer son taux de glucose redouté, à base de câlinoux dans les pâturages, pour un déchainement de poésie animiste, graphiquement sans équivalent. On pourrait alors croire à un exercice de style haute-couture, où l’agencement des images compterait in fine bien plus que celui du récit. Chez Spielberg, cinéaste universel par excellence, ça tient autant de l’évidence que de la révolution… À première vue, seulement.Bande-annonce : Choix numéro 2 : Au pays du sang et du miel, d'Angelina Jolie, avec Boris Ler, Vanessa Glodjo...Synopsis : Alors que la guerre fait rage en Bosnie, Danijel et Ajla se retrouvent dans des camps opposés malgré ce qu’ils ont vécu. Danijel est un soldat serbe et Ajla une prisonnière bosniaque retenue dans le camp qu’il surveille. Pourtant, avant le conflit, l’un et l’autre partageaient d’autres sentiments. C’était une autre vie, avant la barbarie, avant que cet affrontement ethnique violent ne prenne leur futur en otage. À nouveau face à face dans cet épouvantable contexte, leur relation devient complexe, ambiguë, incertaine. La guerre a miné leur lien.Voici leur histoire, bouleversante, écrasée par l’effroyable poids qu’une guerre fait peser sur des gens simples qu’aucun pouvoir politique ne semble vouloir sauver.L'avis de Première : Il était inévitable que les deux Angelina Jolie se rencontrent un jour : la femme engagée (ambassadrice pour le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés) et l’icône glamour. Elle prend néanmoins tout le monde à contre-pied avec ce premier film sans stars et en langue serbe/bosniaque, qu’elle a entièrement écrit et derrière lequel elle s’est sagement effacée. Entre Romeo et Juliette et Portier de nuit, entre la tragédie classique et le huis-clos sadien, Au pays du sang et du miel aborde le conflit bosniaque par l’esquive mais avec une certaine hauteur. La tragédie de Danijel et d’Ajla, c’est, métaphoriquement, celle de tous les pays déchirés par la guerre civile : difficile de (se) reconstruire quand le sang et les larmes ont coulé avec une telle violence et dans un tel déni d’humanité. À travers le personnage de Danijel et de quelques autres, Jolie s’emploie à ne pas mettre tous les Serbes dans le même panier comme elle ne surdramatise pas le calvaire des victimes féminines, déshumanisées par leurs tortionnaires mais capables de discernement. Bien sûr, il y a une forme d’idéalisme dans sa démarche (du mal peut naître le bien) mais, au moins, se démarque-t-elle du cynisme à la mode ou du défaitisme de circonstance. Bien épaulée par le vétéran Dean Semler à la photo et par des acteurs concernés, Angelina Jolie démontre une belle capacité de rebondissement. Sa deuxième partie de carrière s’annonce passionnante.Bande-annonce :  Choix numéro 3 : Albert Nobbs de Rodrigo Garcia, avec Glenn Close, Aaron Johnson...Synopsis : Au XIXème siècle, dans l’Irlande en proie à de terribles difficultés économiques, une femme se fait passer pour un homme afin de pouvoir travailler. Pendant trente ans, elle trompe son entourage, employée dans un hôtel sous le nom d’Albert Nobbs, en tant que majordome.L'avis de Première : Albert Nobbs n’est pas seulement un véhicule à oscar, c’est surtout le film d’une vie pour Glenn Close. Elle s’y prépare depuis qu’elle a incarné le personnage au théâtre pendant des années, ce qui lui a valu un prix d’interprétation en 1982. Et dès sa première apparition dans ce film, qu’elle a aussi produit et co-écrit, il est évident que sa création va rester dans l’histoire, au moins visuellement. Entre son chapeau melon et son col à manger de la tarte, elle se sert de son visage comme d’un masque impassible sur lequel elle inscrira une multitude de micro expressions aussi brèves que furtives. Mais tel un dessin trop travaillé, le personnage manque de vitalité et sa raideur finit par devenir comique. La mise en scène illustrative semble retenue par une volonté peut-être louable de limiter le pathos, mais il manque la dose d’excès indispensable pour faire pleurer le public auquel ce mélo s’adresse.Bande-annonce :Choix numéro 4 : The Devil Inside, de William Brent Bell, avec Fernanda Andrade, Evan Helmuth... Synopsis : Un soir de 1989, la police reçoit un appel d'une certaine Maria Rossi qui reconnaît avoir sauvagement assassiné trois personnes. Vingt ans plus tard, sa fille, Isabella cherche à comprendre ce qui s'est vraiment passé cette nuit-là. Elle se rend en Italie, à l'hôpital Centrino pour psychopathes où Maria est enfermée, pour savoir si sa mère est déséquilibrée ou possédée par le diable. Pour soigner la démente, Isabella fait appel à deux jeunes exorcistes qui utilisent des méthodes peu orthodoxes, mêlant la science et la religion. Ils devront alors affronter le Mal absolu qui a pris possession de Maria : quatre démons d'une puissance redoutable…Bande-annonce :