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Tu n’es pas le genre d’acteur qui fait les choses à moitié.Voilà. C’est ma propre transpiration que vous voyez à l’écran. Sur The Rover, mon problème, c’était les mouches. Je n’avais encore jamais vu un truc pareil. On était en permanence couvert de faux sang et, dès qu’on sortait, une cinquantaine de mouches s’abattait sur nous. Du matin au soir, ça ne s’arrêtait jamais.Le glamour de l’outback australien...On a vraiment tourné au milieu de nulle part. La majeure partie des gens que vous voyez dans le film ont été recrutés sur place, comme ce petit homme qui vend un flingue à Guy Pearce et marche en maugréant : « Fuck, fuck, fuck ! » Il était réellement comme ça. Il y a aussi ce type à la gueule incroyable qu’on voit dans la boutique. Ils l’ont trouvé en faisant des repérages. Ils étaient entrés dans une maison qu’ils pensaient abandonnée et sont tombés nez à nez avec ce mec et sa femme, qui était nue – il s’est avéré plus tard qu’elle était naturiste.L’une des forces du film est son minimalisme. Était-ce déjà le cas sur le papier ?Oui, cette impression de désolation se dégageait du scénario, qui m’avait frappé par son côté très « affamé ». Le film est extrêmement dépouillé mais parvient à créer un monde presque extraterrestre qui lui est propre. Une qualité qui, dans un sens, m’a rappelé Cosmopolis.Ce film-là a clairement marqué un tournant dans ton parcours. Tu nous avais dit que ça t’avait « donné des couilles ». Elles continuent leur croissance ?Lorsque tu joues dans une grosse production, tu contribues à un ensemble sans vraiment savoir comment. Avec les films plus modestes que je fais maintenant – et ça tient sans doute à leur ambition –, je sens que je suis en train de créer quelque chose. C’est nettement plus palpable. David Michôd m’a laissé essayer plein de trucs sur The Rover, comme d’avoir les dents pourries ou de me raser l’arrière du crâne car je trouvais que ça rendait le personnage plus vulnérable d’avoir la nuque ainsi exposée.The Rover ressemble à une nouvelle étape dans ta carrière. C’est également ton impression ?La première fois que j'ai eu la sensation de voir un adulte en me regardant à l'écran, c'était en découvrant la pub Dior que j'ai tournée l'année dernière sous la direction de Romain Gavras. The Rover a confirmé cette sensation qui a perduré sur Life, le film que je viens de tourner avec Corbijn. Je crois avoir davantage confiance en moi, et ces sélections à Cannes y contribuent énormément. À force de me faire descendre pendant des années à cause de Twilight, mon ego en avait pris un coup.Tu vis ce Festival comme un adoubement ?Tu n’as pas idée... C’est une reconnaissance immense. Pendant longtemps, j’ai aspiré à des rôles sans vraiment savoir si j’étais capable de les jouer. Aujourd’hui, je me sens prêt à prendre des risques et à les assumer. Interview Mathieu CarratierA retrouver en intégralité dans le dernier numéro de Première, actuellement dans les kiosques  The Rover de Michod avec Guy Pearce, Robert Pattinson et Scoot McNairy est présenté demain à Cannes hors compétition et sort en salles le 8 juin. On retrouve aussi Robert Pattinson chez David Cronenberg dans Maps to the Stars, présenté lundi en compétition