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Une superbe adaptation du roman de Maylis de Kerangal par Katell Quillévéré.

Ça commence par un saut dans le vide : Simon quitte la chambre de sa copine avant l’aube en sautant par la fenêtre d’une maison qui surplombe la ville. Suit une longue descente en lacets jusqu’à la mer. Réparer les vivants s’ouvre sur un mouvement descendant à la fois très concret et hautement symbolique, qui aboutit à une scène de surf sublime mais angoissante, prophétique d’un drame à venir. Ça commence, donc, par une descente aux enfers, celle qu’engendre une mort brutale et insupportable, s’attarde dans les limbes - l’hôpital où errent des vivants en souffrance mais où s’activent aussi ceux qui ont pour mission de les « réparer ». Et se poursuit sur une pente ascendante, celle, littéralement, d’une renaissance.

Feel-good movie

Car, comme le best-seller de Maylis de Kerangal, le film de Katell Quillévéré est un feel-good movie, un vrai. De ceux qui explorent les ténèbres pour mieux faire surgir la lumière. Alternant longs travellings et plans fixes, montées et descentes, réalisme documentaire et suspensions oniriques avec la même puissance et une égale charge symbolique, le récit est tendu entre deux personnages reliés par un même cœur. Autour, des parents dévastés, des enfants protecteurs, des amoureux inquiets, des médecins et infirmiers dévoués. Contrairement à ses premières œuvres aux personnages très forts et peu nombreux, Katell Quillévéré orchestre cette fois un grand casting all-stars rassemblant plein d’univers (Emmanuelle Seigner et Kool Shen, Anne Dorval et Finnegan Oldfield, Dominique Blanc et Tahar Rahim…), dont l’hétérogénéité d’abord déconcertante renforce en fait le concept du lien qui travaille ce film-ci.

Car le sujet de Réparer les vivants est le don d’organes et sa symbolique, sa puissance unificatrice, qui émerge avec d’autant plus de puissance que le processus médical est méthodiquement documenté : les conditions cliniques pour qu’il s’enclenche, les questionnements métaphysiques qu’il déclenche, la procédure de sélection, d’attribution, le voyage de l’organe, l’opération, autant d’étapes cruciales et de personnes impliquées pour sauver une vie. La très belle idée du film est de faire de ce parcours clinique un grand geste humaniste, un acte d’amour, l’effort conjoint de toute une société pour « réparer les vivants » en redonnant un sens à l’humanité.

Réparer les vivants sort en salles le 1er novembre. Bande-annonce :