Ce matin était présenté en compétition officielle du festival de Cannes 2011, le nouveau film d'Aki Kaurismaki, Le Havre. Une fable surréaliste grave et légère.La dernière fois qu’Aki Kaurismaki est venu à Cannes, c’était pour Les lumières du faubourg, un film mineur qui manquait d’inspiration et de lyrisme. Tout le contraire de son nouveau poème, situé en France, au Havre, ville de dockers et port d’attache de l’immigration clandestine. Là, Marcel Marx (l’admirable André Wilms), humble cireur de chaussures à la sauvette, rencontre Idrissa, gosse noir en fuite, qu’il va recueillir et protéger des loups. Il y a aussi madame Marx, malade et digne, une boulangère compatissante, un épicier bougon, une patronne de bar philosophe et un commissaire intrigant… Si vous n’êtes pas familier de l’univers du cinéaste finlandais, soyez prévenus : le surréalisme y est roi. Les acteurs déjouent, les couleurs sont plus belles que dans la vraie vie, les sentiments nobles l’emportent sur le cynisme généralisé. Kaurismaki l’engagé prône l’entraide et dénonce la société policière. C’est un film d’une gravité légère et d’une générosité simple. Bienvenu dans le petit monde dingo d’Aki.Christophe Narbonne