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Planète hurlante (1996) : scénariste

Encore une adaptation de <strong>Philip K. Dick</strong> pour <strong>O?Bannon</strong>, qui a commencé à écrire sur ce sujet en 1981... Sur une planète lointaine, deux armées se font la guerre pour le contrôle des ressources minières du lieu. Un camp a inventé les « Hurleurs », des robots de combat particulièrement vicieux? Sous-estimé, le film est une série B non dénuée de charme, assez claustrophobe, très fidèle aux thèmes dickiens d?origine (manipulation, paranoïa, irréalité). Le talent d?<strong>O?Bannon</strong> pour la série B cheap fait ici des merveilles, avec le réal? de téléfilms <strong>Christian Duguay</strong> à la réalisation. A redécouvrir. Ensuite, il y aura un autre de ses vieux scénarios, Bleeders (1997), qui sera porté à l?écran. Sorti directement en vidéo des deux côtés de l'Atlantique... Ce sera son dernier scénario adapté au cinéma de son vivant. Il faudrait aussi mentionner que <strong>Dan O?Bannon</strong> avait dans ses cartons <em>They Bite</em>, un film de chauve-souris mutantes que devait réaliser John Carpenter, et <em>Silvaticus 3015</em>, un film encore à venir sur l?extinction de la race humaine? Pour le reste, il faut savoir que toute adaptation/suite d?Alien porte la mention « d?après des personnages créés par <strong>Dan O?Bannon</strong> et <strong>Ronald Shusett</strong> ». Et que cela sera inscrit au générique de la prequel d?Alien que nous prépare <strong>Ridley Scott</strong>. Et que cela suffit.

Lifeforce (1985) : co-scénariste

Réalisé par <strong>Tobe Hooper</strong>, tâcheron surestimé du cinéma de genre (Massacre à la tronçonneuse, et puis? plus rien), ce film paraît être une grosse plaisanterie. Le scénario, d?après un roman de Colin Wilson, est un pompage sans vergogne de celui d?Alien : des astronautes tombent sur des êtres humanoïdes qui leur pompent l?énergie vitale. Effets spéciaux dépassés, acteurs nuls (<strong>Mathilda May</strong> y a acquis une renommée en jouant nue), ce film se voulait être le nouvel Alien. Produit par les vandales de la Cannon, il restera dans l?histoire comme le première version de La Mutante. En moins bien.

Métal Hurlant (1981) : scénariste des segments « B-17 » et « Soft Landing »

Après une nouvelle collaboration avec <strong>Shusett</strong> pour l?anecdotique Dead and Buried, film de mort-vivants anecdotique, <strong>O?Bannon</strong> collabore à un projet original : un film d?animation à sketches, inspiré par le magazine de BD de science-fiction français <em>Métal Hurlant</em>. Réalisé par <strong>Gerald Potterton</strong>, le but était de faire une série de petites histoires de science-fiction et de fantasy en animation, rythmées par la musique de Black Sabbath, Blue Oyster Cult, Cheap Trick? Avec des designers réputés comme Bernie Wrightson, Juan Gimenez, Richard Corben pour le côté visuel. Le fil rouge est une histoire nanarde comme pas deux, autour du Loc-Nar (sic), un objet qui est <em>« la somme de tout le mal de l?univers »</em> (re-sic), qui diffuse les différentes histoires du film.<strong>Dan O?Bannon</strong> écrit le script de la séquence d?ouverture (« Soft Landing »), où un astronaute atterrit sur une étrange planète : plus un clip qu?une véritable histoire.Le second épisode qu?il scénarise, « B-17 », est plus sympa : le capitaine d?un bombardier de la seconde guerre mondiale voit son équipage se transformer en morts-vivants.Heavy Metal, à l?animation brouillonne (on est loin de la maîtrise acquise par les japonais à la même époque), conserve un certain charme musical et une ambition de faire passer le dessin animé pour autres chose que les productions Disney. Trop en avance ? Le succès fut mitigé en salles, mais le film acquit un statut culte pour les noctambules et les fans de hard rock . A tel point qu?une suite germano-canadienne, Heavy Metal FAKK2, fut produite en 2000, et a laissé peu de souvenirs.Jusqu?à l?année 2009, où un nouveau film à sketches serait en cours de production : cette-fois, les réalisateurs à la barre seraient pas moins que des pointures comme <strong>Zack Snyder</strong>, <strong>James Cameron</strong>, <strong>Guillermo del Toro</strong>, <strong>David Fincher</strong>? Trop en avance, qu?on vous disait. <strong>James Cameron et Jack Black se joignent à Heavy MetalDu très lourd pour Heavy Metal</strong>

Le Retour des mort-vivants (1985) : réalisateur et scénariste

Passons rapidement sur Tonnerre de feu (1983) de <strong>John Badham</strong>, film dont le script d?<strong>O?Bannon</strong> est, au mieux, alimentaire. Un hélicoptère de l?armée ultra-perfectionné (pour 1983, c?est-à-dire avec une caméra infrarouge et une peinture noire à la K-2000) menace Los Angeles. <strong>Roy Scheider</strong> joue le rôle d?un pilote. C'est à peu près tout.Deux ans plus tard, <strong>O?Bannon</strong> fait beaucoup mieux en endossant la casquette de réalisateur pour la première fois : le résultat s?appelle Le retour des mort-vivants. Et il vaut beaucoup mieux que son titre : malin et ironique sans être lourd (la scène d?ouverture fait dialoguer deux personnages sur le sujet : <em>« Tu savais que </em>La nuit des mort-vivants<em> est inspiré d?un fait réel ? »</em>), rythmé et efficace, il montre qu?<strong>O?Bannon</strong> avait de réelles qualités de réalisateur. Malheureusement, il ne retournera à la réalisation qu?en 1992, avec <em>The Resurrected</em>, une adaptation de <strong>Lovecraft </strong>sortie directement en vidéo, et inédite chez nous.

Total Recall (1990) : scénariste

A l?origine, une nouvelle de <strong>Philip K. Dick</strong>, <em>Souvenirs à vendre</em>, datant de 1966. Le sujet est là : dans le futur, un homme rêve de la planète Mars, où il ne s?est jamais rendu. Il va voir une entreprise qui vend de faux souvenirs, pour acheter celui d?un voyage sur Mars. Problème : l?expérience lui révèle que ses rêves sont réels, il est en réalité un espion Martien. A partir de ce matériau, le tandem <strong>O?Bannon</strong> / <strong>Shusett</strong> voulait rééditer le succès d?Alien (encore !), en proposant un film de science-fiction différent, avec <strong>Arnold Schwarzenegger</strong> dans le rôle-titre (initialement, c'était <strong>Patrick Swayze</strong>...) et <strong>Paul Verhoeven</strong> à la réal?, tout auréolé qu?il était du succès de son Robocop.Véritable enfer à produire et à réaliser, <strong>O?Bannon</strong> s?est déclaré très mécontent de l?adaptation de <strong>Verhoeven</strong>, qu?il jugeait dénuée d?humour. Entre autres avatars, le scénario a connu quarante versions différentes, toute l?équipe a été victime d?une intoxication alimentaire, la violence du film lui a fait subir de nombreuses coupes (un mort toutes les minutes et demi !)? Les puristes ont jugé que le film trahissait complètement <strong>Philip K. Dick</strong>. Les résultats en salle furent mitigés, et <strong>O?Bannon</strong> semblait considérer Total Recall avec dédain. Pourtant, les années n?ont presqu? aucune prise sur ce film brut de décoffrage, bourré de répliques cultes dans le goût de <strong>Schwarzenegger</strong>, d?effets spéciaux magnifiques de Rob Bottin, et doté d?un scénario beaucoup plus subtil et ludique qu?il n?y paraît.

Alien (1979) : co-scénariste.

Voilà donc le film qui a fait entrer <strong>Dan O?Bannon</strong> dans l?histoire du cinéma. Les rumeurs et anecdotes concernant le film étant légion, voici un résumé de certains faits essentiels.A l?origine, <strong>O?Bannon</strong> était fasciné par les insectes qui pondaient leurs ?ufs dans le corps d?autres animaux. Il a suffi de cette idée, complétée par un des ses anciens synopsis dans lequel une équipe d?astronautes reçoit un message de détresse et se rendent sur une mystérieuse planète, pour donner l?idée globale d?Alien. <strong>Ronald Shusett</strong> ajouta des idées d?un de ses scénarios, où d?horribles bestioles se répandent parmi l?équipage d?un bombardier de la Seconde guerre mondiale. Le titre de travail original était <em>Star Beast</em>. <strong>Walter Hill</strong> et H.R. Giger ont réécrit leur scénario après l?avoir acheté, en rajoutant entre autres le personnage de l?androïde Ash (Ian Holm), ce qui ne plaisait pas du tout au tandem <strong>O?Bannon</strong> / <strong>Shusset</strong>.Le reste appartient à l?histoire : le design de H.R. Giger, la réalisation claustrophobe et lancinante de <strong>Ridley Scott</strong>, l?interprétation iconique de <strong>Sigourney Weaver</strong>, le détecteur de mouvements, les corrideurs enfumés du Nostromo, et la meilleure tagline du siècle : <em>« Dans l?espace, personne ne vous entend crier. »</em> Résultat : plus de 100 millions de dollars de l?époque au box-office mondial.<em>« Je n?ai volé l?idée d?</em>Alien<em> à personne. Je l?ai volée à tout le monde »</em>, disait <strong>O?Bannon</strong> avec humour, quant des aigris l?accusaient de plagiat. O?Bannon a en effet, pour sa part, puisé dans tout ce qu?il aimait en science-fiction, de La Chose d?un autre monde à la série Z italienne La Planète des vampires. A la suite de ce carton, <strong>O?Bannon</strong> aurait pu devenir le roi du pétrole : malheureusement, comme la suite le montrera, Alien restera son unique coup de maître.

Le scénariste Dan O’Bannon est décédé le 17 décembre 2009. Retour en images sur une carrière dédiée au fantastique.Daniel Thomas O’Bannon : il y a de grandes chances pour que son nom ne vous dise rien. Et pourtant, son plus grand titre de gloire est d’avoir coécrit avec Ronald Shusett le scénario du tout premier Alien, réalisé par Ridley Scott en 1979. Film séminal et visionnaire qui allait sceller l’alliance entre la science-fiction et l’horreur, à tel point que cela fait trente ans que la créature d’Alien irrigue tout un courant cinématographique. Quant à la postérité : trois suites, deux spin-offs (Alien VS Predator, de triste mémoire), des jeux vidéo… « Créer un poncif, c’est le génie », a écrit Baudelaire. Corollaire : Dan O'Bannon est un génie.Dan O’Bannon ne verra jamais la prequel d’Alien, retour aux sources qui sera réalisé par Ridley Scott lui-même, bouclant la boucle commencée il y a pile trente ans. Il est décédé jeudi 17 décembre à Los Angeles, à l’âge de 63 ans.Retour sur les moments marquants de sa carrière de scénariste profondément attaché au cinéma de genre, entre nanars, séries B et chefs d’œuvres.Par Sylvestre Picard.(Remerciements au site Wrong Side of the Art, pour les affiches de film)