Un Homme très recherché : et Philip Seymour Hoffman sortit de l'écran
Mars Distribution

Le thriller d'Anton Corbijn marque l'une des dernières apparitions de l'acteur au cinéma. Il sera diffusé ce soir sur Arte.

Un Homme très recherché d'Anton Corbijn avec Philip Seymour Hoffman, Rachel McAdams, Willem Dafoe, Robin Wright, sera proposé à 21h sur Arte. Au cinéma, il était sorti en 2014, quelques mois après la mort de son acteur principal, Philip Seymour Hoffman, à qui le réalisateur avait rendu hommage dans Première.

L'histoire : Plus de dix ans après les attentats du 11 Septembre 2001, la ville de Hambourg a du mal à se remettre d’avoir abrité une importante cellule terroriste à l’origine des attaques contre le World Trade Center. Lorsqu'un immigré d'origine russo-tchétchène, ayant subi de terribles sévices, débarque dans la communauté musulmane de Hambourg pour récupérer la fortune mal acquise de son père, les services secrets allemands et américains sont en alerte. Une course contre la montre s'engage alors pour identifier cet homme très recherché : s'agit-il d'une victime ou d'un extrémiste aux intentions destructrices ? 

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Anton Corbijn se souvient de Philip Seymour Hoffman : "Le film était fini avec son montage définitif bien avant la disparition de Philip. Un Homme très recherché se termine sur cette divagation dans les rues de Hambourg et la sortie de champ de Philip depuis l’origine. L’ironie, c’est que ce plan n’était pas dans le scénario. On venait de tourner la scène finale - la grande scène où tous les personnages se retrouvent face à face à ce carrefour -, mais je n’étais pas satisfait. J’avais le sentiment qu’il manquait quelque chose. Sur un coup de tête, j’ai pris Philip à part, je lui ai demandé de monter dans la voiture en lui disant de rouler, au hasard, sans s’arrêter. On était trois : Philip, mon cameraman Benoit et moi. Une impro totale. Je n’avais pas écrit cette séquence, je n’y avais même pas pensé, mais sur le moment, j’avais besoin de laisser la caméra tourner encore un peu… Plus tard, sur la table de montage, je me suis rendu compte que c’était la meilleure des fins possibles : devant ces images, le spectateur ressent la même chose que Bachmann, le personnage principal. On ne sait pas ce qui va se passer ; on n’a aucune idée de ce que nous réserve le futur et on est aussi paumé, aussi dévasté que le héros. J’ai conçu Un Homme très recherché comme un film automnal, un film triste et grave, et ce plan symbolisait exactement la tonalité que je recherchais. Evidemment, cette fin a pris un autre sens avec la mort de Philip et j’en ai très vite été conscient… Mais je me suis interdit de toucher au film à cause de cet événement. Parce qu’il était fini avant que Philip ne parte. Parce qu’il l’avait vu tel quel et qu’il en était très fier monté comme ça. Certaines personnes, effondrées par sa disparition et par les parallèles qu’ils pouvaient faire entre sa fin tragique et ce plan, m’ont demandé d’éliminer cette séquence, mais je ne trouvais pas ça correct. J’avais l’impression que ça aurait été comme… comme une trahison. Evidemment, je me suis posé la question de la réception du film après la mort de Philip, mais on l’avait montré à Sundance, on l’avait projeté devant des journalistes et des spectateurs. C’est la preuve que la vie, le réel, dépassent parfois la fiction."

Propos recueillis par Gaël Golhen