the hunt universal pause marketing
Universal Pictures France

Une chasse à l’homme qui réserve beaucoup de surprises.

« Nous soutenons nos réalisateurs et contribuerons de distribuer les films de ces créateurs visionnaires et audacieux, comme ceux de ce thriller satirique et social, mais nous comprenons que ce n'est pas le bon moment pour sortir ce film », écrivait en août dernier Universal Pictures au sujet de The Hunt. Pris dans une improbable polémique après trois tueries de masse aux États-Unis, le long-métrage de Craig Zobel a été renvoyé aux calendes grecques, avant de se prendre le mur du coronavirus et de débarquer directement en VOD, puis de finalement sortir en salles. Loin d’être un bête défouloir ou un remake déguisé des Chasses du comte Zaroff, le film scénarisé par Nick Cuse et Damon Lindelof (qui ont bossé ensemble sur The Leftovers et Watchmen) s’échappe très vite de son postulat de départ pour tenter de transposer à la lutte des classes ce que Get Out a fait pour le racisme. Le script n’y parvient pas toujours quand il tente d’expliquer rationnellement sa mythologie alambiquée, mais l’histoire prend des directions tout à fait inattendues pour appuyer là où ça fait mal. Notamment sur la question du poison conspirationniste qui ravage les États-Unis, ici imaginé comme une prophétie autoréalisatrice.

Un doigt d’honneur à tout le monde

On y suit douze inconnus qui se réveillent dans une clairière, sans avoir aucune idée d’où ils se trouvent ni de la façon dont ils sont arrivés là. Très vite, ils comprennent qu’ils sont chassés par de sinistres individus friqués et armés jusqu’aux dents…. Entre deux meurtres où l’hémoglobine coule de façon très créative, et à travers une héroïne bien plus alerte que les autre survivants (Betty Gilpin, aussi brillante que dans la série Glow), The Hunt dépeint une Amérique où tout le monde se déteste et où chacun a - plus ou moins - de bonnes raisons d’en vouloir à l’autre. Une satire féroce maquillée en série B, à la misanthropie tout à fait assumée. Le corollaire, c’est qu’en refusant de prendre vraiment parti, le film se transforme en une sorte de doigt d’honneur permanent et finit forcément par débander. Reste un objet singulier et un peu foutraque à côté duquel il serait assez dommage de passer.