Luc Besson licenciement abusif harcèlement moral
Domine Jerome/ABACA

"J’étais devenue pour lui comme le Siri d’Apple, son esclave," affirme son ancienne assistante de direction, licenciée à cause d'un arrêt de travail.

"L’agriculture a failli avoir raison de la justice, mais la justice a eu raison des tracteurs," ironisait, hier, le procureur alors qu’un procès démarrait à la cour pénale de Paris (d’après franceinfo). Luc Besson, réalisateur du Cinquième élément et patron de la société de production Europacorp, accusé de licenciement abusif et de harcèlement moral, ne se présentera jamais à la session. Il aura cependant fait attendre plus de quatre heures le tribunal, coincé d’après son avocat dans un taxi "au milieu des manifestations d’agriculteurs", montés à Paris pour faire entendre leurs revendications. Finalement, les débats seront lancés sans le producteur.

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Au menu du jour : la plainte de Sophie F., assistante de direction du réalisateur depuis quatre ans. Un travail qui commençait mal avant même que les contrats ne soient signés : "Lors du premier entretien, il m’a fait attendre quatre heures. J’aurais dû partir…" L’employée s’est retrouvée chargée de nombreuses tâches relevant de la vie privée de son patron, comme l’organisation des voyages de la famille Besson, les prises de rendez-vous de madame ou des enfants chez le médecin, le coiffeur ou l’esthéticienne, ou encore des réservations au restaurant… et à tout cela se sont ajoutées, selon la présidente du tribunal Alexandra Vaillant, "les demandes par SMS sur son téléphone personnel le soir, le week-end et pendant les congés."

Dans une déclaration lue par la présidente, le cinéaste affirmait avoir fait preuve de mansuétude envers son ancienne employée, qui avait déjà quinze ans d’expérience à son actif avant de signer chez Europacorp : "Quand je l’ai rencontrée, elle venait de perdre son travail, je sais les difficultés pour une femme seule avec des enfants pour trouver un emploi. Elle était maladroite, faisait des erreurs, je l’ai soutenue longtemps." Des propos jugés condescendants et sexistes par le procureur, et auxquels Sophie F. ne manquera pas de rétorquer : "Je devais retranscrire tous ses scénarios à partir de textos sur mon téléphone personnel. C’est quelqu’un qui ne me parlait pas, qui ne m’aimait pas. J’étais devenue pour lui comme le Siri d’Apple, son esclave."

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Déjà bien amorcée, la bombe explose lorsque le patron lui refuse des congés, se contentant pour cela d’un "non" entouré sur la feuille de demande et suivi de la phrase : "Prends-les avant ou après." À cet instant, et selon le témoignage d’une collègue d’Europacorp présente dans les locaux ce jour-là, Sophie "s’effondre littéralement, choquée par le mépris" de Luc Besson. L’employée se retrouve très vite arrêtée par son médecin traitant, la jugeant inapte au travail. Malheureusement, son patron estime l’arrêt frauduleux, persuadé qu’il s’agit d’un moyen déguisé de poser malgré tout les jours de repos, et c’est sur cette base qu’il décide du licenciement en janvier 2018 de l’assistante de direction pour "faute grave". Pourtant l’arrêt ne se limite pas aux trois journées de congés initialement demandées : en réalité, Sophie est arrêtée pendant trois mois, une période durant laquelle quatre autres médecins jugeront son état incompatible avec une reprise du travail.

Début novembre, le cinéaste a été condamné pour harcèlement moral devant les prud’hommes, les parties pouvant encore faire appel. Concernant le licenciement abusif dont il était cette fois question en cour pénale, le procureur Rémi Chaise a réclamé dix mois de prison avec sursis et 30 000 euros d’amende à l’encontre de Luc Besson… mais également 50 000 euros de la part d’Europacorp, la société de production du cinéaste étant déjà placée dans une procédure de sauvegarde depuis mai. Pour la défense, la peine est "infamante et hors de proportion," et la plaignante n’aurait pas été licenciée "parce qu’elle était en congé maladie", mais bien "pendant" ce congé maladie. La décision est attendue pour le 8 janvier.

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