Meilleurs films de 2020 pour l'instant
Sony Pictures/Netflix/ARP Sélection/Mars Films

L’année cinéma a beau avoir été chamboulée, on tente le best-of du premier semestre, salles et plateformes confondues.


 

Uncut Gems de Josh et Benny Safdie
Sorti en salles aux Etats-Unis mais directement sur Netflix en France, Uncut Gems signe définitivement l’entrée des frères Safdie dans la cour des grands. Les fixettes esthétiques sont seventies à mort (Lumet, Toback, Cassavetes) mais l’énergie qui porte le film, elle, est totalement contemporaine. Adam Sandler est extraordinaire en diamantaire new-yorkais cerné par les créanciers et accro au chaos.

 


 

Les Filles du Docteur March de Greta Gerwig
Egérie du ciné indé-hipster new-yorkais, Greta Gerwig brouille les pistes avec cette nouvelle adaptation du livre culte de Louisa May Alcott, qui s’affirme tout à la fois en triomphe de néo-classicisme rutilant, en manifeste féministe euphorisant et en photo de classe d’une génération d’actrices magnifiques, Saoirse Ronan en tête.

 


 

Le Cas Richard Jewell de Clint Eastwood
Clint Eastwood se penche sur l’attentat des JO d’Atlanta en 1996 et s’interroge sur les emballements médiatiques et les errements idéologiques de son pays. Une fable à la fois tendre et cruelle, à la Capra, qui confirme après La Mule la superbe retrouvée de son auteur, 90 ans et 38 longs-métrages au compteur.

 


 

Play d'Anthony Marciano
Zidane, Oasis, les Spice Girls, la tempête de l'an 2000, le 11-Septembre, les premières cuites, les premiers amours, tout cela vu à travers les vieilles bandes d'un caméscope. Souvent tordant, souvent chialant, porté par un cast dément, Play fait le portrait d'une génération – celle des années 90 – au moment où elle devient vraiment boomer. Mais il s'agit surtout pour son réalisateur Anthony Marciano, parvenu à l'âge adulte, de boucler la boucle en donnant aux films amateurs qu’il réalisait gamin une vraie forme de cinéma.

 


 

1917 de Sam Mendes
A Première, six mois après sa sortie, la rédac est toujours aussi partagée autour de la guerre des tranchées en plan-séquence de Sam Mendes, même si certains aspects du film (le village en flammes, le héros joué par George MacKay) mettent tout le monde d’accord. Coup de génie ou coup d'esbroufe ? Le film est sorti la semaine dernière en Blu-ray, histoire de le remettre à l’épreuve dans notre salon.

 


 

La Fille au bracelet de Stéphane Demoustier
L’adolescence dans le cinéma français est souvent un puits sans fond. Ici, il y en a. Stéphane Demoustier, sur les traces de Clouzot et sa Vérité avec B.B, raconte le procès d’une ado accusée d’avoir assassiné sa meilleure copine. Derrière la vitre protectrice du box où elle subit les assauts répétés de ses accusateurs, Lise, le regard noir impénétrable, garde en elle tout son mystère, donc sa toute-puissance.

 

GALERIE
ARP Sélection / DADI Film / Factory Gate Films

 

Séjour dans les monts Fuchun de Gu Xiaogang
A trente ans, Gu Xiaogang signe un premier film qu’il conçoit comme la première partie d’une trilogie. Ce Séjour dans les monts Fuchun, dont le titre s’inspire d’une œuvre peinte du 14e siècle, parle de la Chine contemporaine en pleine mutation économique, physique et psychique. C’est un film choral qui voit différents membres d’une famille se croiser et se décroiser. L’ensemble est traversé à mi-parcours d’un plan séquence ahurissant qui embrasse toutes les pulsations du récit.   

 


 

Dark Waters de Todd Haynes
Après avoir redéfini le biopic, ou s’être lové dans le mélodrame, Todd Haynes s’essaye ici au film-enquête "based on a true story". Il ne cherche pas à faire son malin et respecte les figures imposées du genre. Dark Waters est un film qui, sous son apparent classicisme, représente le délitement d’une Amérique polluée de l’intérieur. La lumière gris-bleue d’Ed Lachman enveloppe l’atmosphère d’une tristesse tenace.

 


 

#Jesuislà d’Eric Lartigau
Un restaurateur français part sur un coup de tête rencontrer en Corée du Sud la femme dont il est tombé amoureux par réseau social interposé… mais qui ne sera pas là pour l’attendre à son arrivée. Un "Lost in Séoul" dopé à la sensibilité jamais mièvre et porté par un Alain Chabat lumineux dans un de ses plus beaux rôles.

 


 

Un fils de Mehdi M. Barsaoui
Thriller, drame sur un couple qui explose, portrait de la Tunisie au cœur du printemps arabe… Pour son premier long, Mehdi M. Barsaoui mêle les genres avec une dextérité jamais prise en défaut dans un récit au cordeau haletant et remarquablement incarné par le duo Sami Bouajila- Najla Ben Abdallah.

 

Queen & Slim : Bonnie & Clyde d’aujourd’hui [Critique]
Universal

 

Queen & Slim de Melina Matsoukas
Sortie en février, cette cavale d’un couple de Noirs américains forcé à fuir après avoir abattu en légitime défense un policier agressif résonne fort avec la tragédie George Floyd. A travers ces Bonnie & Clyde d’aujourd’hui, Melina Matsoukas signe une réflexion aussi passionnante que pertinente sur la figure du héros noir des temps modernes.

 


 

Monos d’Alejandro Landes
Sur un haut-plateau de Colombie, une tribu d’ados sauvages veille sur une otage américaine… Ce portait d’une bande de gamins perdus dans un monde sans foi ni loi est un coming-of-age movie barbare, une sorte d’Apocalypse Now revu par Larry Clark. La révélation, en tout cas, d’un styliste très doué, Alejandro Landes.

 


 

Waves de Trey Edward Shults
Une love story adolescente vire à la tragédie sous le soleil de Floride… Après Krisha et It Comes At Night, Trey Edward Shults confirme sa place de super-espoir du jeune cinéma US avec ce roller-coaster émotionnel, fiévreux, fluo, lyrique et sensoriel. Parfois too much, mais franchement inoubliable.

 


 

Scandale de Jay Roach
Jay Roach réunit un trio de trio de choc (Charlize Theron, Nicole Kidman, Margot Robbie) et encapsule l’ère #MeToo à travers l’implosion de Fox News et la chute de son tout-puissant patron, Roger Ailes. Décrivant un système de domination des corps féminins à grande échelle, le film s’obstine à rester factuel. Tout en touchant systématiquement à l’universel.

 


 

Beastie Boys Story de Spike Jonze
Et pour finir, un documentaire sorti directement sur Apple TV+… Une célébration des Beastie Boys par Spike Jonze (l’un de leurs clippeurs attitrés dans les années 90), où l’on reconnaît le goût du cinéaste de Her et Max et les Maximonstres pour les portraits d’asociaux ultra-sensibles et d’enfants apprenant douloureusement à grandir. Un doc musical d’un genre nouveau. Ch-check it out !