Des représentants Osages avec le Président Calvin Coolidge
Abaca

Le journaliste d’investigation Greg Palast a enquêté sur les injustices vécues par le peuple Osage jusqu’à aujourd’hui.

Le nouveau film de Martin Scorsese Killers of the Flower Moon raconte le Règne de la Terreur, une période au début des années 1920 durant laquelle la tribu native américaine des Osages était devenue un des peuples les plus riches du monde. Leur terre se situait au-dessus d’un gisement de pétrole qu’ils ont découverts et exploités à partir de 1894, attirant la cupidité des blancs qui ont mis en place plusieurs stratégies pour s’approprier leurs richesses. Leonardo DiCaprio, Lily Gladstone et Robert de Niro y interprètent les personnages principaux. 


 

Le journaliste d’investigation Greg Palast, spécialisé dans la fraude fiscale et les crimes financiers, a mené un travail approfondi sur les nombreuses injustices vécues par les Osages, qui perdurent encore aujourd’hui. Il a signé un article dans The Guardian, présentant son travail et annonçant son film documentaire sur le sujet : Long Knife : Osage Oil and the New Trail of Tears.

Même si les Osages sont reconnaissant que Scorsese et DiCaprio portent leur histoire à l’écran, ils veulent que le monde sache que ça ne s’arrête pas à la fin du film”, écrit Greg Palast. Cette phrase résume parfaitement l’objectif du journaliste : dénoncer les exactions dont sont encore victimes les Osages. 

Comme le montre le film de Scorsese, les Osages ne sont pas reconnus à l’époque comme des citoyens américains. Le gouvernement a donc mis en place en 1906, le Burke Act, créé par Charles Burke, définissant les natifs américains comme “moitié animal”. Outre l’extrême violence de cette définition, cela a permis aux blancs de mettre en place un système de tutelle sur les natifs, et chaque Osage, considéré comme inapte à se gérer lui-même, s’est vu attribué un “gardien” blanc.


 

Ces “gardiens” en ont profité pour prendre le contrôle des testaments et des assurances des Osages, avant d’assassiner leur pupille pour obtenir leur part d’héritage. Aujourd’hui, la violence prend une autre tournure. Le gouvernement américain a continué d’interdire à la tribu de produire son propre pétrole et a vendu aux enchères les droits d’exploitations. Les multinationales encore en activité que sont ExxonMobil, Sinclair Oil, Getty Oil et ConocoPhillips s’en sont emparées et exploitent désormais le pétrole sur la réserve des Osages. 

L'or noir de la tribu a même fait émerger la fortune de Koch Industrie dans les années 1960. L’entreprise a commencé en acheminant par camion les miettes de pétrole laissées aux Osages, trop peu pour être acheminé par pipeline. Koch a arnaqué et détourné énormément d’argent de cet arrangement (2,4 milliards de dollars à l’époque, ce qui équivaut à 6 milliards aujourd’hui). Et même si les camions et le vol ne sont plus d’actualité, Koch continue ses méfaits en dissimulant ses déchets toxiques déversés dans les ruisseaux et les réserves d’eau.

Leonardo DiCaprio improvisait trop sur le tournage de Killers of the Flower Moon

Geoffrey Sanding Bear, l’actuel chef de la communauté Osage, livre une lutte sans relâche pour rétablir la vérité et mettre fin aux crimes commis par Koch contre son peuple. Avocat et homme politique très impliqué dans la préservation du patrimoine culturel Osage, Standing Bear s’oppose au Bureau des Affaires Indiennes, l’instance gouvernementale en charge des réserves. 

Les Osages souffrent donc toujours de vol de leurs biens, d’appauvrissement et d’empoisonnement de leurs terres. Le Chef Standing Bear compare cette situation à une occupation militaire. D’autres militants de la communauté lui prête main forte, comme l’élu Everett Waller, qui joue le chef Paul Red Eagle dans Killers of the Flower Moon, actuellement au cinéma. 

Lily Gladstone mise en lumière dans un extrait de Killers of the Flower Moon