Monuments Men
Twentieth Century Fox

Monuments Men revient ce soir à la télévision.

France 4 diffusera à 21h05 le film de guerre de George Clooney, Monuments Men. A sa sortie au printemps 2014, Première avait rencontré l'équipe. Notamment Jean Dujardin, particulièrement bavard à propos de cette expérience hollywoodienne.

Il y a un an, on évoquait le tournage du Loup de Wall Street et tu t’apprêtais à enchaîner avec Monuments Men...
J’ai revu Scorsese et DiCaprio lors de l’avant-première à Paris en décembre dernier. C’était sympa. Quand je me suis découvert dans le film, je me suis trouvé très... facultatif. Mais j’étais content. Et on sent que ça a fait plaisir à tout le monde. Les gens me disaient sans arrêt : « Mec, t’es dans un Scorsese ! » Et je répondais, un peu gêné : « Ben oui, oui... » En même temps, ce ne sont pas du tout les mêmes émotions que lorsque je tourne un OSS, par exemple. C’était une belle participation, comme le Clooney, d’ailleurs.

L’avantage, c’est que tu te mets moins la pression...
Tu y vas avec beaucoup de second degré. Comme un schizophrène, en fait. Tu te prends pour un Américain. Sur le tournage de Monuments Men, pour m’intégrer à la bande, j’ai commencé à jouer comme eux au bout d’un moment, à la « ricaine », alors qu’au début, j’étais dans un jeu plus confidentiel, plus français. Et George me disait : « Jean, c’est un peu shy, tu peux y aller plus franchement. » OK, alors j’y vais ! C’est vraiment un monde parallèle, quasiment un métier différent. Un autre moi que je regarde avec beaucoup d’ironie en me demandant : « Mais qu’est-ce que je fous là ? » (Rire.)

Tu dois prendre un énorme plaisir de môme sur ce genre de tournage, non ?
En effet, c’est une gigantesque salle de jeux, avec des journées à un million de dollars pendant lesquelles ils ne tournent parfois que trois plans. N’importe quel producteur s’arracherait les cheveux : 400 figurants dans un camp militaire reconstitué, des chars, et voilà, trois plans. Tu t’amuses à toucher chaque patine, chaque faux mur... J’ai même trouvé, dans le tiroir du bureau d’un G.I., un paquet de Lucky Strike censé être la réplique exacte de ceux qu’on trouvait en 1940. Le souci du détail était complètement fou. Le fait d’être le petit Frenchie de l’histoire avec ces Monuments Men et d’être en même temps le petit Frenchie sur le plateau, entouré de toutes ces grandes stars, m’a permis de ne presque pas avoir à jouer, de me glisser naturellement dans la peau du personnage. Il faut juste se détendre, au fond. Et pour ça, il n’y a pas plus cool que Clooney. Il a vraiment besoin de bosser tout le temps dans l’harmonie. C’est un gosse. Sur ce plan-là, il me rappelle Michel (Hazanavicius). S’il voit une lucarne, il va ramasser un caillou et la viser, ou alors arroser un mec qui passe... Il est toujours à l’affût de la connerie à faire. De la petite attention aussi : sur le plateau, il a un mot sympa pour toute l’équipe, de la stagiaire au machino. Il fédère de façon assez remarquable.

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On a l’impression que le courant passe bien entre vous...
On s’apprécie, oui, il y a une bonne connexion. Je pense qu’on a le plaisir en commun. Et George est conscient comme moi de la chance qu’on a de vivre quelque chose de magnifique et à la fois de très éphémère. J’adorerais le revoir dans une comédie comme O’Brother, des frères Coen, où il faisait des gueules incroyables. On l’oublie – surtout en Europe où il est connu pour son « What else ? » et son Voluto –, mais c’est ça le vrai Clooney. Dans l’intimité, il n’arrête pas de chanter, de faire des grimaces, des imitations... Il porte bien son nom. Quand je l’encourage à revenir à la comédie, il me dit : « Viens, on en fait une tous les deux... » Je veux bien, moi !

Après l’opulence de Monuments Men, comment t’es-tu senti lorsque tu es rentré en France pour tourner La French (de Cédric Jimenez, avec Gilles Lellouche, sur la croisade du juge Michel contre le trafic d’héroïne à Marseille en 1975) ?
J’étais chez moi, totalement à ma place, avec une jeune équipe de cinéma dynamique et dans une belle reconstitution du Marseille des années 70. J’avais la sensation de refaire enfin mon métier, ce qui ne m’était pas arrivé depuis longtemps. Je me suis senti à la maison, alors que chez Clooney, j’étais un peu en vacances dans un joli chalet.

Imaginons que je sois un réalisateur américain : qu’est-ce que je dois faire pour avoir Jean Dujardin dans mon film ?
Me connaître réellement. Avoir vu mes longs métrages et me faire sentir que tu es venu me chercher pour les bonnes raisons, que tu t’es un tout petit peu intéressé à ce que je fais et que je ne vais pas uniquement servir de rustine, de caution pour le marché français. Bref, drague-moi bien. (Rire.)
Interview Mathieu Carratier


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