Ian Holm Bilbo le Hobbit
Warner Bros.

Le comédien britannique s’est éteint ce jour à l'âge de 88 ans, à l’hôpital, entouré des siens. Il restera comme un interprète subtil et complexe remarqué dans Les Chariots de feu, Alien ou Le Seigneur des anneaux.

La dernière fois que nous avons eu des nouvelles de Ian Holm, c’est par la voix de Josh Gad qui réunissait dans un zoom mémorable les comédiens et différents protagonistes du Seigneur des Anneaux. Il lisait un petit mot de l’acteur de 88 ans qui regrettait de ne pouvoir se joindre au groupe. Atteint de la maladie de Parkinson, le comédien britannique n’était plus apparu à l’écran depuis 2014 et sa reprise de Bilbo Baggins dans Le Hobbit de Peter Jackson, rôle qui lui a valu une renommée mondiale.

La carrière de Ian Holm va néanmoins bien au-delà de son interprétation du hobbit facétieux aimant l’aventure dans l’adaptation de la saga d’heroic-fantasy. Le comédien versatile a interprété plus de 100 rôles sur scène, à la télévision et au cinéma. Né le 12 septembre 1931, il entre à la Royal Shakespeare Company dès sa fondation, en 1960. Il contribue à créer les pièces d’Harold Pinter. Mais un soudain accès de trac en 1976 va l’éloigner des planches pendant de nombreuses années. Il n’y est revenu qu’à de rares occasions notamment pour un Roi Lear qui fera date en 1998.

Qu’importe, le cinéma lui fait les yeux doux. Il joue sous la direction de John Frankenheimer (L'Homme de Kiev, 1968), de Richard Attenborough (Ah Dieu ! que la guerre est jolie, 1969) ou Richard Lester (Terreur sur le Britannic, 1974). Mais c’est son compatriote Ridley Scott qui va véritablement lancer sa carrière au cinéma en 1979 avec Alien, où il interprète le terrifiant agent double Ash. Deux ans plus tard, en 1981, il est nommé aux Oscars et remporte le Bafta du meilleur acteur dans un second rôle pour son rôle d’entraîneur de course dans Les Chariots de feu de Hugh Hudson. Il retrouve ce réalisateur en 1984 pour Greystoke. La légende de Tarzan, seigneur des singes où il apprend à Tarzan - Christophe Lambert, à devenir un lord. A chaque fois, sa personnalité se fond parfaitement dans l’univers auquel il participe.

Souvent apprécié pour son esprit facétieux, il trouve en Terry Gilliam un metteur en scène qui sait exploiter sa veine humoristique et décalée dans Bandits, Bandits où il interprète pour la deuxième fois Napoléon et dans Brazil (1985). Depuis les années 1980, il n’a cessé de travailler avec les metteurs en scène les plus divers de Kenneth Branagh (Henry V, 1989) à Martin Scorsese (Aviator, 2004). Il a aussi collaboré à des films français comme Le Cinquième élément (1997) de Luc Besson où il est l’effervescent Père Vito Cornelius ou Esther Kahn (2000) d’Arnaud Despléchin où il interprète le mentor de Summer Phoenix. Atom Egoyan lui offre avec De beaux lendemains (1997) un premier rôle trouble dans la magistrale adaptation de Russel Banks. La reine l’anobli, en 1998, pour services rendus à l’art dramatique.

Il doit à Peter Jackson le rôle qui lui a valu la plus grande notoriété de sa carrière : Bilbo Baggins dans Le Seigneur des anneaux. 20 ans après avoir interprété Frodo dans une adaptation du chef d’œuvre de J. R.R. Tolkien pour la radio, il est contacté par le réalisateur néo-zélandais pour prêter sa silhouette et son sourire narquois au célèbre Hobbit encore habité par ses anciennes aventures. La communauté de l’anneau débute sur la célébration de son anniversaire et un tête-à-tête qui fait date avec Ian McKellen, interprète de Gandalf. En 2012, déjà malade, il reprend le rôle brièvement dans Le Hobbit, une nouvelle trilogie de Peter Jackson. Il restera l’éternel interprète de Bilbo. Ne disait-il pas lui-même que le courrier que lui adressait les fans était adressé à Bilbo ou même à Sir Bilbo, mais rarement à Ian Holm.

Depuis l’annonce de sa mort, les hommages des acteurs et cinéastes du monde entier affluent. Comme celui d’Edgar Wright.