Dix films qui rafraîchissent
Columbia Pictures / 2005 Twentieth Century Fox / PolyGram Film Distribution / Bonne Pioche Productions

L'Age de glace, Snowpiercer, The Thing, Arctic ou encore Un jour sans fin... Par ce temps caniculaire, quoi de mieux que de se poser devant quelques long-métrages qui font baisser le thermomètre ?

Fargo (Joel et Ethan Coen - 1996)

Un mari à la dérive, une épouse tuée, deux tueurs à gages frappadingues, une fliquette enceinte opiniâtre et le tout en plein hiver dans le Dakota du Nord... Fargo, sixième long-métrage des frères Coen, est peut-être le plus symptomatique de leur cinéma : personnages loufoques, enquête tortueuse, violence inattendue et humour noir. Dans ce polar presque polaire, la neige immaculée finie parsemée d'hémoglobine tel un dripping de Pollock. Et Peter Stormare, avec son sang froid à toute épreuve, s'impose comme l'un des méchants les plus glacials de l'Histoire du cinéma.


 

Arctic (Joe Penna – 2018)

Mads Mikkelsen erre dans les terres polaires. Perdu, seul, fatigué, émacié et barbu : il comme Robinson Crusoé, les plages chaudes, les cocotiers luxuriants et la chaleur tropicale en moins. Par -40°C, il creuse des tranchées, pèche des poissons et tente d'établir une communication avec la civilisation lointaine. Ce premier film de Joe Penna est un survival glacé, dépouillé de tout spectaculaire, lorgnant plus vers le cinéma muet que le blockbuster faramineux. Dans l'arène des neiges, Mad Mads lutte contre les éléments et se les caillent plus que dans Le guerrier silencieux.


 

L’Age de glace (Chris Wedge et Carlos Saldanha - 2002)

Des paysages de glace à perte de vue. Des personnages que rien ne destinait à faire équipe. Une bonne dose d’humour et de bons sentiments. C’est la recette bien frappée de L’Âge de glace, épopée préhistorique à l’ère glaciaire. Quand Scrat provoque un nouvel âge de glace en s’obstinant à récupérer un gland dans la banquise, tous les mammifères se mettent en marche vers le sud. Tous sauf Manny, un mammouth buté bientôt rejoint par Sid, un paresseux aussi agaçant qu’attachant. Un film au succès colossal, qui a engendré quatre suites. Pas toutes aussi réussies.


 

Un Jour sans fin (Harold Ramis - 1993)

Un imbuvable présentateur météo d’une chaîne de télé locale se retrouve coincé par le blizzard dans la petite bourgade où il est allé faire à son corps défendant un reportage maronier sur le "Jour de la marmotte". Et cet éternel grincheux va vite découvrir que chaque matin, réveillé au son du I got you babe de Sony and Cher, il va devoir revivre la même journée… jusqu’à ce qu’il revienne à de meilleures dispositions. Sortie en catimini dans des périodes creuses des deux côtés de l’Atlantique (février aux USA, juillet en France), cette comédie réalisée par le scénariste de SOS Fantômes devient culte et même une référence majeure du genre au fil du temps. Avec un Bill Murray génialissime comme d’hab’.


 

La Marche de l’empereur (Luc Jacquet – 2005)

Née en 1992, sa passion pour l’Antarctique a d’abord conduit Luc Jacquet à devenir ornithologue avant de s’embarquer au début des années 2000 dans ce documentaire sur le quotidien singulier des manchots empereurs sans avoir jamais tenu une caméra de sa vie. Un projet fou qui mettra plus de quatre années (dont une entière consacrée au tournage, sous une température flirtant plus souvent qu’à son tour avec les – 30°C) à voir le jour. Découvert à Sundance, le film, accompagné par la B.O. d’Emilie Simon, cartonnera en France puis connaîtra une version américaine (entièrement redoublée par Morgan Freeman) qui deviendra le deuxième plus gros succès historique d’un documentaire dans les salles américaines (derrière Fahrenheit 9/11) avant de décrocher l’Oscar de sa catégorie.


 

Runaway Train (Andrei Kontchalovski - 1985)

Deux hommes (Jon Voight et Eric Roberts) s’évadent d’un pénitencier perdu en Alaska à bord d’un train de marchandises qui devient impossible à arrêter. Adapté d’un script d’Akira Kurosawa par Kontchalovski, disciple de Tarkovksi à la palette variée, Runaway Train est un film complètement dingue qui mélange film d’évasion et film-catastrophe à la vitesse d’un missile à travers les neiges du Grand Nord jusqu’au Valhalla.


 

Snowpiercer, le transperceneige (Bong Joon-ho - 2012)

Bien avant sa Palme d’or pour Parasite, et bien avant son Okja sur Netflix, Bong Joon-ho tentait le passage à l’Occident avec Snowpiercer : adaptation d’une BD culte où ce qui reste de l’humanité s’entasse dans un train de haute technologie alors que la Terre est recouverte par les glaces. Les prolos des wagons de queue fomentent la révolte contre les riches des wagons de tête. Le film de Bong Joon-ho est un grand film de SF un brin décadent et loufoque (le casting worldwide, Tilda Swinton en mode Tim Burton) mais baroque, radical et foncièrement politique. Si vous ne l’avez pas vu, sachez qu’après vous ne verrez plus jamais les transports en commun lors d’un "incident technique" de la même manière.


 

Le Jour d’après (Roland Emmerich - 2004)

Voilà ce qui arrive quand on donne au réalisateur d’Independence Day un bouquin -The Coming of the Global Superstorm- sur la probabilité d’une future ère glaciaire (co-écrit par Whitley Streiber, auteur des romans Wolfen et Les Prédateurs et également persuadé dans la vraie vie d’avoir été enlevé par des aliens, tant qu’on y est). Le résultat est une adaptation cinéma de l'air conditionné : Le Jour d’après est un film-catastrophe en pilote automatique (la relation père/fils entre Dennis Quaid et Jake Gyllenhaal) où la vague de froid est littéralement un tsunami d’air glacial -la faute au Gulf Stream qui déconne, en gros- qui congèle tout sur son passage. Et c’est plutôt une bonne nouvelle, parce que toute cette catastrophe finit par purifier la Terre en la libérant de la pollution. Cool !


 

La ruée vers l'or (Charlie Chaplin - 1925)

Sur l’affiche originale, Charlot est assis sur un banc à côté d’un réchaud. On voit de la neige sur son célèbre chapeau. Une couverture sur les épaules, il nous regarde avec un air de chien battu transi de froid. Charlot est dans une cabane au Canada près de la frontière avec l’Alaska en pleine ruée vers l’or. La tempête fait rage, l’or est rare, la nourriture aussi. Chef d’œuvre épique et indiscutable de Chaplin, le film compte au moins deux séquences mémorables, la danse des petits pains et celle de la cabane en équilibre instable au bord de l’abîme enneigé ! Imparable.


 

The Thing (John Carpenter - 1982)

"Ici la station US 31, vous me recevez ? On a trouvé quelque chose sous la glace. On a besoin d’aide…"  Au cœur de l’Antarctique, une poignée de scientifiques trouvent un corps extra-terrestre vieux de 100 000 ans ensevelis dans la neige. La créature va bientôt investir l’enveloppe charnelle de certains scientifiques. Thriller horrifique et paranoïaque, faux remake de La chose d’un autre monde co-réalisé par Howard Hawks - l’idole de Carpenter - The Thing est le premier film du cinéaste financé par une major. Le film a été tourné dans des studios à Los Angeles spécialement réfrigérés pour recréer les conditions extrêmes de l’Antarctique. L’équipe et les interprètes ont dû supporter un véritable choc thermique, la température à l’extérieur des studios californiens pouvant dépasser les 30 degrés. The Thing fut un échec à sa sortie. C’est pourtant l’un des plus réussis de Carpenter. Kurt Russell et sa barbe gelée retrouvaient alors le cinéaste dans la foulée de New York 1997.