Midway
Metropolitan Film Export

Avec ses bombardements héroïques, Midway est l’occasion pour Roland Emmerich d’organiser un nouveau ballet pétaradant. Et pour nous, celle de lui faire commenter le top 5 des explosions marquantes de sa filmo.

A l'occasion de la sortie de Midway au cinéma, fin 2019, Première avait demandé au réalisateur Roland Emmerich de commenter ses plus belles explosions pour le cinéma. Flashback, en attendant de (re)voir son film de guerre, qui revient à 21h10 sur France 3.

5 - Le Madison Square Garden dans Godzilla

"Difficile de ne pas la citer, celle-là... Ce n’est pas le climax, mais l’élément déclencheur poussant Godzilla vers sa plus grande crise de rage destructrice. Ses rejetons sont tous décimés par un escadron de F-18, alors qu’ils pullulent dans la salle omnisports du Madison Square Garden, où il a nidifié. Un plan les montre avalés par les flammes, puis une vue aérienne révèle que tout le Madison Square a explosé... Ce n’est pas la scène la plus impressionnante de ma filmo, mais je l’aime bien : elle vient venger l’horreur éprouvée quand on se rend compte que le monstre est capable de se multiplier..."


 

4 - Les porte-avions japonais dans Midway

"Sur Midway, j’étais obsédé tout du long par le danger des attaques en piqué. Les bombardiers doivent plonger de manière si raide que la probabilité de se crasher ou d’être touché est énorme. Ce sont presque des missions suicides ! Il y a deux attaques décisives, à la fin : sans trop en dire, je suis très content de l’impact sur le porte- avions Hiryu, parce qu’on a réussi à montrer à quel point les pilotes américains doivent voler près de leurs cibles pour frapper les ennemis. D’autant que les navires japonais, quand ils étaient attaqués, avançaient à 30 nœuds... La vitesse d’un speed boat, vous imaginez ? Vraiment, j’étais hanté par le courage insensé de ces types."


 

3 - L’Himalaya dans 2012

"Bon, je citerai un genre d’explosion un peu spécial : une explosion d’eau! (Rires.) Le tsunami qui recouvre l’Himalaya, c’est vraiment ma prouesse favorite du film. Le Jour d’après m’avait enseigné une leçon : alors que les progrès digitaux, dès les années 2000, ont rendu les explosions banales et faciles à réaliser, personne ne savait faire une belle vague s’abattant sur une ville... Pour 2012, j’ai donc été voir Scanline, un studio allemand expert en simulations de phénomènes aquatiques. À lui tout seul, le tsunami a épuisé le budget du film en effets numériques. Mais c’était un défi passionnant, alors que les films Marvel ont rendu les explosions rasoir... Et on n’en retient rien : à la fin, elles ont tout détruit, même nos souvenirs !"


 

2 - L’hélicoptère broyé dans Godzilla

"Mieux que le Madison Square Garden, il y a ce plan filmé du dessus : un hélicoptère se sauve après avoir été poursuivi par Godzilla, le pilote se croit tiré d’affaire et là... la gueule ouverte du monstre surgit par en dessous, et croque l’hélico qui explose entre ses crocs ! Plus de vingt ans après, ce plan me fait toujours rire. Et en plus d’être cruellement comique, le mouvement est élégant. Quand on me demande quel plan utiliser pour résumer mon style, je mentionne toujours celui-ci."


 

1 - La Maison Blanche dans Independence Day

"C’est la séquence dont je suis fier par-dessus tout, sans hésitation. Tout le monde était contre cette idée : mon coscénariste, mon producteur, le studio. J’ai tenté de les convaincre avec une scène 'beta' d’explosion de la Maison-Blanche, que j’avais intégrée à une sorte de teaser provisoire. Ils m’ont dit : 'Personne aux États- Unis ne va approuver ça.' Si bien qu’ils m’ont fait remplacer la Maison-Blanche par le Capitole, car la charge symbolique était moins forte. Mais j’ai tout de même insisté pour organiser des projections tests avec les deux versions. Il n’y a pas eu photo... Les gens hurlaient en voyant le QG présidentiel pulvérisé. Il y avait beaucoup de ressentiment contre le gouvernement, à cette époque, autour du bilan de Clinton – ce qui m’échappait, du reste : pour moi, c’était le bâtiment le plus important qu’on puisse dynamiter. J’expliquais à tout le monde : 'Si la Maison Blanche est détruite, alors dans l’esprit de l’humanité, tout peut arriver.' La séquence se produit à la moitié du film, et déclenche la réaction que toute bonne explosion devrait provoquer : 'Oh putain, à quoi s’at- tendre maintenant ?'"