Il fut un temps où Shia LaBeouf était le futur d'Hollywood. L'acteur le plus rentable du cinéma ricain, une cash machine au corps mince, au regard malicieux et électrique. Parrainé par Steven Spielberg et Michael Bay La Beouf portait les plus gros blockbusters sur ses frêles épaules (Tranformers, Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal) et tout lui réussissait. Mais cette époque est désormais révolue. Dans une interview-vérité accordée au Hollywood Reporter, l'acteur explique qu'il abandonne : "I'm done !" (j'arrête). "Il n'y a pas de place pour les visionnaires dans le système des studios. Ca ne peut pas exister". De manière un peu naïve, LaBeouf va même plus loin : "file un film comme Transformers à Terrence Malick et il est baisé" (ça fait quand même rêver un combat Autobot VS Decepticon orchestré par Malick)Celui qui prononce cette phrase définitive connait pourtant bien la machine. Mais visiblement, son attitude un peu trop franche (Rock'n'roll ?) a toujours posé problème au sein des studios. A la sortie d'Indiana Jones 4, on se souvient qu'il s'était montré très critique contre ce qui est devenu le film de trop de la saga. Critique contre Spielberg, contre les scénaristes mais aussi contre son propre job. "Quand tu as raté, t'as raté..." disait-il, le genre de propos qu'on n'entend rarement à la Mecque du cinéma.  C'est au moment de cette auto-critique justement que LaBeouf se serait rendu compte des pires travers de producteurs Hollywoodiens ("les mecs te donnent du fric et puis prennent l'avion, investissent le plateau pour te mettre leurs doigts dans le cul et te harceler pendant 5 mois"). Mais sa vraie colère, il la garde pour Steven Spielberg. Après avoir dit ce qu'il pensait d'Indiana Jones 4, le réalisateur lui aurait expliqué qu'"il y a un temps pour être un être humain et un temps pour vendre des bagnoles". Cette réflexion aurait eu d'un déclic : "Ca m'a rendu libre, mais ça m'a tué aussi parce que je regardais ce mec comme un sensei".Depuis, son rapport à l'industrie a radicalement changé. Fini les robots, les aliens et les co-stars bien gaulées. A Cannes cette année, LaBeouf était venu présenter Des hommes sans loi, super western indépendant qu'il a soutenu de toutes ses forces et son court-métrage Howard Cantour.com, plongée dans le cerveau d’un critique de cinéma. Pas vraiment ce qu’on est en droit d'attendre d’un acteur de 25 ans qui a explosé des Decepticons et chassé des Roswell. Sur sa liste : The Company You Keep de Robert Redford et The Necessary Death of Charlie Countryman du clippeur Fredrik Bond. Et puis, surtout, le tournage de Nymphomaniac, drame hautement érotique et potentiellement provocateur de Lars Von Trier.Le temps de l'innocence est terminé pour Shia laBeouf et il va falloir voler de ses propres ailes, sans Spielberg, sans Bay et sans filet.