DR

Harold Ramis est décédé aujourd'hui, lundi 24 février 2014. Il était né à Chicago en novembre 1944 (ses parents tenaient une épicerie), et il aimait raconter que son premier vrai boulot s'était déroulé dans un asile de fous, ce qui lui avait fourni une formation précieuse pour diriger les acteurs, plus tard. Il évite de partir pour le Viet-Nam en ingérant des amphétamines avant la visite médicale. Car sa vocation est l'écriture humoristique : il devient journaliste freelance, signant des papiers rigolos pour le Chicago Daily News tout en se formant au théâtre d'improvisation, puis devient un temps responsable de la rubrique des blagues dans Playboy.En 1974, il monte à New York travailler pour le programme de radio parodique The National Lampoon Radio Hour avec ses deux copains, John Belushi et un certain Bill Murray. Mais alors que Belushi et Murray allaient retrouver en 75 Dan Aykroyd au Saturday Night Live, Ramis rejoint la troupe canadienne de Second City. Il passe au cinéma en 1978, en co-écrivant le scénario de la comédie parodique American College, réalisée par John Landis et produite par Ivan Reitman. Ce dernier réalisera Arrête de ramer... t'es sur le sable (1979), premier rôle important au cinéma de Murray. Son premier film en tant que réalisateur est Le Golf en folie (1980), toujours avec Bill Murray. Que des succès commerciaux. Après l'échec en 1982 de sa tentative d'adaptation de La Conjuration des imbéciles de John Kennedy Toole avec John Belushi et Richard Pryor, Ivan Reitman porte sur grand écran S.O.S. Fantômes en 1984, co-écrit par Aykroyd et Ramis (ce dernier ayant surtout aidé à corriger le scénario d'Aykroyd, qui se déroulait à l'origine dans le futur et aurait coûté trop cher à produire), qui jouent également avec Bill Murray le trio de chasseurs de fantômes bras cassés (Eddie Murphy aurait dû jouer le quatrième larron, mais a préféré faire Le Flic de Beverly Hills). Le succès est foudroyant : 238 millions de dollars de l'époque pour un budget de 30, deuxième plus gros succès de l'année 84 aux USA (devant Indiana Jones et le Temple maudit mais derrière Le Flic de Beverly Hills) et plus gros succès pour une comédie yankee jusqu'au carton de Maman j'ai raté l'avion en 1990. S.O.S. Fantômes devient également un phénomène marketing, avec produits dérivés à gogo et une suite en 1989, qui ne rapporte "que" 112 millions sur le territoire US.Avant S.O.S. Fantômes, Ramis avait réalisé la parodie tirée du National Lampoon Bonjour les vacances (1983) avec Chevy Chase ; après, il signe Club Paradis (1986) avec Robin Williams, échec au box-office. Heureusement, en 1993, c'est la sortie d'Un jour sans fin où Bill Murray joue un présentateur météo cynique coincé dans une boucle temporelle dans un bled enneigé. Succès solide à sa sortie, le film acquit peu à peu une aura de culte, mais marqua surtout le début d'une décennie de brouille entre Murray (qui souhaitait faire un conte philosophique) et Ramis (qui souhaitait une comédie pure). En 1995, il tourne Stuart Saves His Family d'après les sketches du Saturday Night Live d'Al Franken (gros flop en salles). Mes doubles, ma femme et moi avec Michael Keaton et Andie McDowell est également un échec. Il renoue avec le succès avec la comédie Mafia Blues où le mafieux Robert De Niro est psychanalysé par Billy Crystal. Un succès qui fut aussi son dernier en salles. L'échec d'Endiablé (Brendan Fraser vend son âme au diable joué par Elizabeth Hurley) en 2000 lui impose de tourner Mafia Blues 2 : La Rechute en 2002, qui rapporta pourtant moitié moins que le premier. Ni son polar plein d'humour noir Faux amis (2005) avec John Cusack et Billy Bob Thornton ni la parodie préhistorique L'An 1 : des débuts difficiles (2009) ne parvinrent à convaincre. Entre 2006 et 2010, il réalise quatre épisodes de la version américaine de la série The Office.En 2010, il est atteint d'une infection dû à une vascularite, qui le prive de ses capacités motrices. Il ne devait jamais s'en remettre. Après une rechute en 2011, il succombe à cette même maladie le 24 février dans sa maison de Chicago. "Profondément attristé par la nouvelle du décès d'Harold Ramis, mon ami brillant, doué, marrant, co-scénariste/artiste, et professeur", a écrit aujourd'hui Dan Aykroyd sur Twitter. "Puisse-t-il trouver les réponses qu'il cherchait."