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Karlheinz Bohm était plus que le Franz de Romy Schneider dans la trilogie Sissi des années 1950 (même s'il fut le premier marqué au point d'appeler sa fille Sissi), mais c'est sans aucun doute pour ce rôle d'empereur d'Autriche fou d'amour que le public du monde entier se souviendra de lui. Pourtant, il fut aussi, et surtout, Le Voyeur de Michael Powell, thriller séminal qui fut éclipsé à sa sortie par le Psychose d'Hitchcock mais dont l'héritage n'a cessé de grandir depuis. Du Franz mielleux des romances historiques pour petites filles au sociopathe obsédé d'images dont la violence fut interdite aux moins de 16 ans à sa sortie en salles, Karlheinz Bohm a incarné les deux extrémités du spectre sans jamais connaître autant de succès en explorant le milieu. Retiré en suisse, ce fils de chef d'orchestre et de chanteuse d'opéra ne parviendra pas à revenir sur le devant de la scène, même quand sa route croisera celle de Vincente Minelli (Les Quatre cavaliers de l'Apocalypse) ou de Fassbinder (Martha, Le Droit du plus fort...). En 1981, il fonde presque par accident l'ONG Menschen für Menschen (les humains pour les humains) qui lutte contre la pauvreté en Ethiopie : invité de l'émission allemande "Vous voulez parier ?", il lance à l'auditoire "Je parie qu'il n'y a pas un tiers des téléspectateurs qui feraient don d'un schilling, d'un Deutsch Mark ou d'un franc suisse pour venir en aide aux populations du Sahel". Résultat, il collecte 1,2 millions de Deutsch Mark, et lance son association qui occupera le reste de sa vie. C'est par le biais de Menschen für Menschen que nous apprenons sa mort, jeudi 29 mai, des suites d'une longue maladie.