Après avoir rendu coup pour coup à Tom Hardy dans Warrior, Joel Edgerton s’attaque à un ennemi encore plus redoutable : The Thing. Rencontré sur le tournage du film, Edgerton parle numérique, hélico et jeu d’acteur.   Propos recueillis par Gérard Delorme   Joel, vous jouez quoi dans ce remake ?  Carter, le pilote d’hélico. Il gère un service de ravitaillement pour la station et se retrouve piégé dans la station jusqu’à ce que les choses… dégénèrent. Vu ce qu’on a pu découvrir du tournage, le film semble beaucoup s’appuyer sur la technologie numérique… C’est exact et l’univers de la synthèse est assez nouveau pour moi. On a bien tourné quelques prises réelles avec l’hélico, mais globalement c’est beaucoup de fond vert…   Quel défi ça pose en terme de jeu ? Et jusqu’où peut – ou doit - aller votre imagination dans ce contexte ?  L’important, c’est de s’accorder sur ce qu’il y aura à l’écran, sur ce que sera le plan final. Il faut que mes réactions correspondent à ce qui est censé se dérouler sous mes yeux. Pendant le tournage, on joue souvent face à une balle de tennis perchée sur un bâton, ce qui ne manque pas d’ironie finalement : on croit avoir beaucoup d’imagination en tant qu’acteurs, mais on se rend vite compte que certains sont meilleurs que d’autres pour ce genre d’exercice. Personnellement, je préfère avoir des objets physiques face à moi. Pareil pour les scénarios, je suis toujours plus à l’aise avec une histoire qui me rappelle des choses de la vraie vie.   C’est étrange de dire ça alors que vous tournez un film dans lequel, précisément, le méchant n’a pas de forme définie…  Paradoxalement, c’est ce que j’aime dans le film. Le méchant peut être tout ; n’importe quoi. A mon sens, le succès du film de Carpenter reposait là-dessus : The Thing ne raconte pas seulement le combat de l’humain contre l’alien, mais surtout celui de l’humain contre l’humain, à cause de la paranoïa générée par l’impossibilité d’identifier ses amis.  Du coup c'est passionnant pour l’acteur parce que le film est un bon drame s’il est parfaitement interprété. Matthijs (Van Heijningen, le réalisateur NDLR) a écrit l’intrigue avec beaucoup de soin. Et il a justement insisté sur l’aspect humain; il a même rajouté la barrière des langues pour exacerber cette tension.   C’est la première réalisation de Van Heijningen. Comment est-il sur le tournage ?  Matthijs fait partie d’une espèce rare à Hollywood. Il sait comment gérer les comédiens. Il nous a vraiment aidé à exprimer nos sentiments. Parfois certains cinéastes en disent trop, font un discours pour chaque moment de l’histoire. D’autres ont peur ou méprisent les acteurs au point de ne même pas leur parler. Matthijs a su trouver le juste équilibre.  Comment a-t-il géré le numérique ?  Il a tout de suite compris que c’est plus simple pour nous - et donc pour le film – de savoir de quoi il s’agit. Ca lui est arrivé de prendre sur son temps libre pour nous expliquer en détail une séquence storyboardée. Pour qu’on visualise l’alien ou les situations, il a même demandé au département des effets qu’on nous montre une version non déf' de ce qu’il y aura à l’écran…Bande-annonce de The Thing, qui sortira mercredi :