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Aaron Sorkin a remporté le Golden Globe du meilleur scénario pour Steve Jobs, qui coiffe au poteau Les Huit Salopards.

Ça avait fait le tour du web à l’époque : Quentin Tarantino n’aime pas True Detective. Plus exactement, il n’a pas réussi à aller au bout du premier épisode. Dans un grand entretien au New York Magazine en août dernier, le roi de la pop culture évoquait ses goûts culturels en général, et en matière de série télé en particulier. Après avoir balayé la série de Nic Pizzolatto d’un revers de main, il évoquait le show qui lui a vraiment plu sur HBO : The Newsroom d’Aaron Sorkin : « C’est la seule série que j’ai carrément vue trois fois ». « Ce n’est pas surprenant que j’apprécie le meilleur dialoguiste du business » a-t-il même répondu à l’étonnement de son intervieweur, faisant un compliment rare à Sorkin au passage. Rare, car QT n’en est pas coutume, loin s’en faut. Dans le même entretien, le cinéaste à l’égo bien portant avoue tranquillement qu’il ne se sent « plus en compétition avec qui que ce soit désormais ». Who’s the boss ?

Notre entretien avec Tarantino

Dans les pages de Première, il auto-analysait son travail avec aussi peu de modestie : « Je ne vais pas vous mentir, j’adore mes films et je prends énormément de plaisir à les revoir ». Il est deux domaines dans lesquels il concède une place à un concurrent : la direction d’acteur – « David O. Russell est le meilleur directeur en activité, à égalité avec moi (Vulture) » et l’écriture des dialogues donc, pourtant son gros point fort. Et cette nuit, c’est son concurrent en la matière, Aaron Sorkin, qui a été salué par la presse étrangère. QT a dû se contenter de monter sur scène pour récupérer le Golden Globe de la meilleure bande originale décerné à Ennio Morricone, auteur de la superbe musique des Huit Salopards. A peu près aussi bavard mais beaucoup plus intello, Aaron Sorkin est en effet l’autre roi du scénario hollywoodien à l’heure actuelle. Sauf que, contrairement à Tarantino, au cinéma (parce qu’il est aussi le créateur et auteur de quelques grands morceaux de téloche), il met sa plume au service des autres. Rob Reiner (Des hommes d’honneur, Le Président et Miss Wade), Mike Nichols (La Guerre selon Charlie Wilson), David Fincher (The Social Network, pour lequel il remporte le Golden Globe et l’Oscar). Et maintenant Danny Boyle donc, pour qui il a signé le script de l’excellent Steve Jobs, œuvre miroir du biopic de Mark Zuckerberg et portrait d’un autre génie égocentrique.

Tarantino confiait récemment à GQ qu’il aimerait remporter au moins deux autres Oscar du meilleur scénario pour battre Woody Allen (qui en a 3) et que, après sa mort, il souhaiterait qu’on rebaptise cette catégorie « le Quentin ». Si ça continue comme ça (rendez-vous aux Oscars le 28 février), il faudra peut-être envisager « Aaron » en deuxième prénom.

Le palmarès complet des Golden Globes 2016