DR

Moins célèbre que Venise ou Deauville, le festival de Toronto commence à se tailler une belle notoriété grâce à sa programmation pointue et à son ambiance électrique. Retour sur le premier jour des festivités.Par Benjamin RozovasUne excitation particulière règne sur la 35ème édition du TIFF (Toronto International Film Festival). Conçu initialement comme une vitrine pour les autres festivals (« Festival of festivals » lors de son lancement en 1975), Toronto a grossi patiemment pour devenir depuis une dizaine d’années un rendez-vous de cinéma populaire, incontournable pour l’Industrie, et une rampe de lancement privilégiée pour les gros films à Oscars qui feront parler d’eux aux Etats-Unis à l’automne. Mais 2010 marque un tournant dans son histoire avec la concrétisation d’un projet vieux de quinze ans : ce dimanche sera inauguré en grandes pompes le Bell Lightbox, nouveau QG stylé du festival, une énorme boîte en verre qui se veut à la fois lieu de rencontres et maison permanente du cinéma. Dès novembre, l’immeuble accueillera l’expo Tim Burton créée pour le MoMa de New York… L’effervescence liée à l’ouverture du Lightbox ne devrait pas nous détourner de l’essentiel, à savoir un programme de 300 films disséminés sur onze jours, pour la plupart très alléchants et, pour une moitié d’entre eux, en quête d’un distributeur. Quasiment pas de films déjà montrés ailleurs, beaucoup de « Premiere » fraîchement tombées de la salle de montage. Reste plus qu’à mordre dedans… Pour commencer ? Un drame sur la pédophilie réalisé par Ross Geller. Trust marque un temps dans l’étrange carrière de David Schwimmer, pour tous l’inoubliable Ross de Friends mais secrètement apprenti réalisateur depuis l’âge de 15 ans. Un artisan, au sens « toujours en formation » du terme (depuis l’arrêt de Friends, il s’est fait la main sur un nombre insensé d’épisodes de séries télé). Trust examine en profondeur les rapports d’un père (Clive Owen) avec sa fille de 14 ans, victime d’un prédateur sexuel rencontré sur Internet. Pourquoi ne peut-il pas la protéger ? Pourquoi a-t-il perdu sa confiance ? Et pourquoi ce serait lui le salaud alors que le violeur court les rues ?... Un film sur la perte d’innocence, et ses ramifications à l’intérieur d’une famille, un poil démonstratif, génialement campé par Owen. Essaye d’être The Ice Storm, se révèle du niveau d’un bon Atom Egoyan. Ça parait déjà énorme pour l’élève Schwimmer, qui nous confie dans l’après midi qu’il essaye de monter ce film depuis sept ans « parce que tant de gens de mon entourage ont été victimes d’abus sexuels, y compris ma petite amie ». Changement de régime avec It’s a kind of a funny story de Ryan Fleck et Anna Boden (Ralph Nelson) qui, bien que situé dans un hôpital pour schizophrènes et dépressifs, est une histoire drôle, oui. Celle de Craig, un ado échoué dans une aile psychiatrique pour adultes après une tentative de suicide. Cinq jours pour se révéler à lui-même et faire de ses faiblesses une force. Un feel good movie inattendu branché sur le monde intérieur du héros, toujours juste, toujours bien balancé, avec toujours le bon morceau de musique au bon moment… Là aussi, on n’en demandait pas tant. Dans une heure débute la première séance de Midnight Madness, case nocturne spécialement dévolue aux films d’horreur et bizarreries en tous genres. Super de James Gunn (scénariste de l’armée des morts et réalisteur de Splitter) lance les hostilités. L’histoire d’un mari cocu (Rainn Wilson, Dwight dans The Office) qui s’improvise super héros armé d’une clef de douze pour reconquérir sa femme. Fuck yeah.