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Noémie Lvovsky explore, sous forme de conte, le lien qui unit une fille à sa mère folle. Une mère que la réalisatrice incarne avec maestria.
 

Dans Camille redouble, Noémie Lvovsky tordait le registre de la science-fiction (en s’évanouissant, l’héroïne était propulsée dans une faille spatio-temporelle qui la ramenait 25 ans en arrière) pour y encastrer ses thèmes de prédilection : la maternité, l’adolescence, une héroïne à la dérive. Avec Demain et tous les autres jours elle bidouille un autre genre, le conte, articulé autour de la relation fusionnelle entre Mathilde, 9 ans, et sa mère qui perd la tête. Mis à la sauce Lvovsky-Florence Seyvos (sa scénariste de toujours), cela donne un récit onirique qui glisse de l’enfantin fantastique au cauchemar éveillé de la folie.

Amour braque
Le film démarre comme la chronique d’une enfant qui gère seule sa mère, sous l’œil globuleux et attentif d’une chouette chevêche qui parle et à qui elle se confie. La solitude, l’autonomie forcée et la vaillance de cette petite héroïne s’incarnent bien dans son rapport à ce volatile-doudou qui fait office de bonne fée rassurante. Mais ça reste tiède. Jusqu’à mi-chemin, lorsque le film braque et devient braque, entrant de plain-pied dans le monde clôt et vertigineux de la démence pure. Écrire, réaliser et jouer le premier rôle, ce dispositif inauguré par Lvovsky dans Camille redouble s’était avéré ultra payant. Elle réitère et c’est son incarnation éblouissante de la mère qui fait décoller le film, l’inscrivant illico comme un des portraits les plus réussis de la folie féminine. Lvovsky actrice rejoint alors Lvovsky cinéaste dans la famille des artistes fougueux, singuliers, géniaux décrypteurs de l’intime armés d’une lumière noire.