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Sorti depuis une petite semaine sur Netflix, Death Note est l'adaptation du manga éponyme qui raconte comment un ado découvre qu’il a le pouvoir, via un cahier abandonné, de programmer la mort d’autrui. Nous avions rencontré son réalisateur, Adam Wingard.

Première a rencontré Adam Wingard, cinéaste d’horreur underground et auteur notamment de "Blair Witch" en 2016, pour parler du tant attendu Death Note, adaptation américaine du manga japonais culte de Tsugumi Oba et Takeshi Obata, disponible depuis le 25 aout sur Netflix.
 
Première : Vous êtes un habitué des films d’horreur, est-ce que c’était une évidence pour vous de réaliser cette adaptation de Death Note ?
 
Adam Wingard : C’est juste une histoire très cool avec plein d’opportunités en terme d’horreur mais aussi avec d’autres genres cinématographiques. Je me vois comme un réalisateur qui mélange les styles plutôt qu’un cinéaste d’horreur même si je comprends que les gens m’identifient à cela car je n’ai fait que ça pour le moment. C’était génial de pouvoir travailler sur quelque chose de vraiment différent et qui n’était pas limité dans les genres que l’on pouvait aborder. On ne voit pas souvent un film qui va de l’horreur à la comédie en passant par de l’action.
 
Première : Avez-vous lu le manga original ou avez-vous été inspiré par la série d’adaptations cinématographiques japonaise ?
 
Adam Wingard : Je pense que mon inspiration principale a été dictée par le manga, pas vraiment par ces films-là.... Mais vu que nous l’avons transposé aux États-Unis et que nous avons fait une œuvre très différente, il a fallu s’éloigner du ton original du manga même si les thèmes principaux de "Death Note" comme le jeu de chat et souris entre les deux personnages et l’affrontement entre le bien et du mal ont été gardés. On a tenté de faire notre propre film.
 
Première : Effectivement, vous avez pris des libertés avec l’intrigue originale. Pourquoi avez-vous changé la moralité de Light, le personnage principal ? On dirait que vous en avez fait un gentil, non ?
 
Adam Wingard : C’est ce que la bande-annonce peut laisser imaginer… Ce que nous avons tenté de faire avec Light, c’est d’en faire un adolescent normal, très intelligent, qui dans sa tête n’est déjà plus forcément un ado. Je ne pense pas qu’on puisse le qualifier de gentil dans l’histoire, c’est un débat qu’auront les spectateurs une fois qu’ils auront vu le film.
 
 
Première : Il y a une inspiration très 90’s dans votre film et les morts des personnages me rappellent celles dans  "Destination Finale".
 
Adam Wingard : Effectivement, je pense qu’il y a une esthétique qui rappelle ces films et cette époque. Les deux films qui m’ont le plus influencés dans le processus de création sont le premier "Destination Finale" et le « Ça » de 1990. Les deux films n’ont absolument rien en commun, mais ce qui est cool c’est qu’ils peuvent se voir séparément tout en étant très complémentaires. Beaucoup de gens ont une perception très subjective de ce qu’est "Death Note"… Quand nous avons commencé à développer le projet et que nous sommes partis dans une nouvelle direction, j’ai vu tout le potentiel illimité de cette œuvre et de jusqu’où elle peut amener le spectateur. L’idée que quelqu’un obtienne un carnet de notes qui vous permette de contrôler ou tuer les gens ça vous donne des pouvoirs illimités. Alors si ça tombe dans les mains d’un lycéen, l’histoire peut partir dans tous les sens. 
 
Première : Pourquoi avoir aussi pris la direction du teen movie ?  
Adam Wingard : C’est drôle car dans le script original cela commençait au lycée puis l’action continuait à l’université mais nous avons finalement décidé de rester focalisé sur la période lycéenne et de garder, peut-être, l’université pour un possible sequel. Embrasser ce concept du lycée dans les 80’-90’s était une manière d’idéaliser l’histoire et de pouvoir jouer avec ça tout au long du film.
 
Première : Le premier meurtre est celui d’une petite frappe du lycée. Est-ce que votre film peut avoir une lecture sous-jacente sur le harcèlement scolaire et la violence à l’école ?
 
Adam Wingard : Je pense que l’on a tous eu affaire, de près ou de loin, à des soucis d’harcèlement lorsqu’on était plus jeune. Je ne sais pas si c’était conscient ou non, si je voulais faire une revanche des opprimés sur leurs harceleurs mais je pense que c’était un point de départ évident à l’histoire. Un lycéen qui trouve un Death Note ne va pas penser au début à sauver le monde, il va plutôt se concentrer sur l’univers qui l’entoure. Son monde à lui où la plus grande injustice est de voir ses camarades se faire frapper par des caïds. C’est donc un catalyseur pour Light qui va lui permettre de comprendre qu’il peut changer le monde environnant et donc, plus tard, le monde entier.