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Courtesy of TriStar Pictures
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Chappie
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Chappie : la recette SF de Neil Blomkamp en 6 ingrédients

Bonus : Sharlto Copley, l'ingrédient magique

L'ami d'enfance de <strong>Neil Blomkamp</strong> est surement l'ingrédient magique de chacun de ses films. Son accent afrikaner incompréhensible, sa nonchalance étrange et son regard fou le rendent très vite indispensable. Encore trop rare au cinéma, on l'a aperçu dans <em>Maléfique</em> et l'<em>Agence Tout Risques</em>. Après avoir crevé l'écran dans District 9 en agent mutant, il troque ses fonctions pour celles de tueur à gage cosmique dans Elysium. Et dans Chappie ? Et bien si vous ne l'avez pas vu dans la bande-annonce, c'est qu'il a prêté ses mouvements, sa voix et son jeu d'acteur au jeune robot ingénu. 

1. Des villes du futur cauchemardesques

<strong>Neil Blomkamp</strong> n'est pas du genre optimiste, ses villes du futur sont des ruches malades et surpeuplées dans lesquelles s'amassent des populations opprimées. Guère plus réjouissant, le ghetto où sont parqués les aliens pouilleux du District 9 est une décharge à ciel ouvert tandis que l'endroit où grandi Chappie est au bord de la guerre civile. <strong>Neil Blomkamp</strong> est fasciné par les bidonvilles et la misère des villes du sud qu'il représente dans tous ses films comme un avertissement.Crasseux, poussiéreux, remplis de tags et d'agitation, tous ces avatars du Johannesburg où a grandi le réalisateur n'en restent pas moins de vrais endroits de vie, très photogéniques pour son style un brin poseur. Si bien qu'on les préfère au satellite propret et purgé de toute maladie où il a niché les classes privilégiées d'Elysium.

2. De la fractures sociale

Les fables SF de <strong>Neil Blomkamp</strong> sont des plaies ouvertes sur les fractures sociales. En toile de fond, calqués sur les problèmes de Johannesburg, on retrouve les thèmes de la ségrégation, de la lutte des classes, de la délinquance ou encore de la politique sécuritaire.District 9 avait marqué les esprits avec sa relecture culottée de l'apartheid vécu par des aliens-immigrés. On avait reproché à Elysium d'être un peu trop manichéen avec sa classe supérieure sans âme qui s'évade dans un satellite et laisse croupir les plus pauvres sur terre. Chappie, quant à lui brasse tous les obsessions du réalisateur sans servir de grands discours. Créée pour être policier, éduqué pour devenir gangster, incité à devenir artiste, le jeune robot est en effet confronté à l'un des plus grands dilemmes de l'existence : trouver sa voie.   

3. Des anti-héros

Les personnages de <strong>Neil Blomkamp</strong> ne sont pas les <em>supersoldiers </em>d'un <em>space opéra</em> : prêtez-lui <strong>Hugh Jackman</strong> il le coiffera d'un mulet, donnez-lui <strong>Matt Damon</strong> il lui rasera les cheveux, vendez-lui <strong>Sharlto Copley</strong> il le transformera en plouc ou en tueur à gage? Non, ces gars-là ne sont pas là pour conter fleurette, ils ont le soleil dans les yeux, les ongles noirs et de la poussière plein la bouche.Ce sont, pour la plupart, des survivants et des parias qui agonisent dans des décharges, mangent de la pâtée pour chat et se cachent sous des auges pour échapper à la maréchaussée galactique. Le titre de héros ça se mérite et ces losers magnifiques, couards et maladroits, vont devoir affronter tout un parcours initiatique pour découvrir leurs vraies valeurs.  

4. Des robots et des aliens sympas

<strong>Neil Blomkamp</strong> n'aime pas toujours ses héros, il préfère les robots et les monstres dont il soigne le look et l'animation dans les moindres détails. Mais ces habitants du futur ne sont pas que des images de synthèse indestructibles et sans âmes. Les robots d'Elysium ont des airs de flics, Chappie marche comme un rappeur bling-bling... quant aux extraterrestres bipèdes de District 9, ils ressemblent plus à des chiffonniers qu'à des envahisseurs.

5. De la culture underground

Dans Elysium, les passeurs traînent dans des souterrains aux relents de fin de <em>rave party</em>, écoutent de la Dubstep et se tatouent le visage. Comment s'étonner alors que les parents adoptifs du jeune robot Chappie soient incarnés par le couple de rappeurs freaks <strong>Die Antwoord</strong>.Connus pour leurs clips hallucinants et leur univers bigarré, <em>destroy</em> et grand guignol, le duo qui fait trembler "Joburg" joue les gangsters au sein d'un gigantesque squat qu'ils ont aménagé comme un de leur clip. <strong>Neil Blomkamp</strong> les invite même sur la B.O du et rend un bel hommage à toute la culture alternative qui foisonne en Afrique du Sud.  

6. Des mutants dégoutants

<strong>Neil Blompkamp</strong> aime les mutants un brin dégueulasses et les gadgets en métal qu'on fixe sur la peau. Fétichiste ou fan de <strong>Cronenberg</strong>, toujours est-il que la transformation lente et pénible de <strong>Sharlto Copley</strong> en organisme extraterrestre dans District 9 risque bien de faire date dans l'histoire de la SF moderne. <strong>Matt Damon</strong> n'est pas en reste alors qu'il se fait greffer un bras mécanique surpuissant pour aller casser la gueule aux riches. Quant à ce qui arrive à ce brave <strong>Dev Patel</strong> dans Chappie, on vous laisse la surprise.   

Chappie : la recette SF de Neil Blomkamp en 6 ingrédients

Vous aimez les robots gangsta, les grandes questions de SF et la culture sud-africaine ? Ça tombe bien, Neil Blomkamp aussiAvec ses trois films de science-fiction originaux : District 9, Elysium et Chappie, l'auteur/réalisateur Neil Blomkamp s'applique à repousser les limites d'un genre ultra codifié par la machine hollywoodienne. Face à ces standards vieillissants, le cinéaste sud-africain impose sa clique de robots décontractés, son gang d'anti-héros et ses paraboles distopiques qui questionnent les fractures sociales. Autopsie d'un cinéaste "Mad Marx".Mathias Averty