Black Coal : comment réinventer le film noir
Black Coal réinvente le film noir
En 1999, un employé d?une carrière minière est assassiné et son corps dispersé aux quatre coins de la Mandchourie. L?inspecteur Zhang mène l?enquête, mais doit rapidement abandonner après avoir été blessé lors de l?interpellation des principaux suspects.Cinq ans plus tard, deux nouveaux meurtres sont commis dans la région, tous deux liés à l?épouse de la première victime. Devenu agent de sécurité, Zhang décide de reprendre du service. Son enquête l?amène à se rapprocher dangereusement de la mystérieuse jeune femme.Avec Black Coal, Ours d'or au dernier Festival de Berlin, le cinéaste chinois Diao Yinan s'affranchit des codes du genre. Mode d'emploi.<strong>Propos recueillis par Gérard Delorme</strong>
Le détective
« Comme souvent, l?investigation importe plus que la résolution de l?affaire. C?est au cours de ce processus que le détective va éprouver des sentiments pour le personnage féminin : quelque chose naît entre eux. Ce personnage d?ancien policier est un double de moi-même. Dans mes films, je m?attache toujours à montrer des personnes en situation d?échec, des vaincus. Je décris leurs sentiments. Ayant vécu des moments semblables, j?éprouve pour eux une certaine empathie. Si je montrais des personnages respirant la réussite, il faudrait se méfier d?eux... »
La femme fatale
« Dans les films noirs classiques, c?est un personnage à la fois très froid et très attirant qui révèle la peur, le désespoir et la défaite du mâle occidental. Ma version orientale est plus mystérieuse et moins séductrice. Si elle a commis des crimes, c?est parce qu?elle y a été forcée. Cela ne retire rien à ses qualités humaines. Je l?ai écrite en pensant à Gwei Lun-mei, une femme qui dégage beaucoup de bonté et de chaleur et qui possède une très grande force intérieure. »
Les bons et les méchants
« Le scénario, que j?ai commencé à écrire en 2005, s?est avéré trop littéraire pour convaincre des financiers. Ma productrice a alors suggéré d?adopter une forme différente. J?ai opté pour le film noir, qui me permettait de conserver ma qualité d?auteur tout en apportant des éléments plus commerciaux. En Chine, le public aime bien quand les bons capturent les méchants. Pendant l?écriture, j?ai pensé à tous ces vieux classiques, <em>Le Troisième Homme</em>, les films de Melville ou les enquêtes de Sam Spade. En production, j?ai laissé de côté les références pour me concentrer sur un langage cinématographique contemporain. »
Le point de vue unique
« Théoriquement, certains types d?histoires, comme les enquêtes, demandent qu?on reste avec le même personnage tout du long. À l?école de cinéma, le prof avait pris l?exemple de Taxi Driver pour nous expliquer que la séquence de cinq minutes montrant Jodie Foster avec un client était une erreur parce que tout ce qui précédait était intégralement raconté du point de vue de De Niro. J?y ai pensé au moment de l?écriture de <em>Black Coal</em>, mais je me suis octroyé la liberté d?aller souplement d?un personnage à un autre, comme l?a fait Wong Kar-wai dans <em>Les Anges déchus</em>, où il s?affranchit avec succès de cette règle. C?est comme le lit d?un fleuve et ses méandres... Il ne faut pas avoir peur d?aller là où l?eau nous mène. »
Bande annonce
Black Coal de Diao Yinan est actuellement dans les salles
En 1999, un employé d’une carrière minière est assassiné et son corps dispersé aux quatre coins de la Mandchourie. L’inspecteur Zhang mène l’enquête, mais doit rapidement abandonner après avoir été blessé lors de l’interpellation des principaux suspects.Cinq ans plus tard, deux nouveaux meurtres sont commis dans la région, tous deux liés à l’épouse de la première victime. Devenu agent de sécurité, Zhang décide de reprendre du service. Son enquête l’amène à se rapprocher dangereusement de la mystérieuse jeune femme.Avec Black Coal, Ours d'or au dernier Festival de Berlin, le cinéaste chinois Diao Yinan s'affranchit des codes du genre. Mode d'emploi.Propos recueillis par Gérard Delorme
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